tyle l'essence avec la definition qui n'en est que
l'expression, peut conduire aisement a n'admettre que des etres de
definition ou de raison, et les pensees se mettent au lieu et place des
existences[435]. Ce n'est pas une nouveaute que le conceptualisme.
[Note 434: _De lnterp._, I, 1.]
[Note 435: [Grec: Ae morphae kai to eidos to kata ton logon].
_Phys._, II, 1. Cette tendance est si naturelle que les traducteurs de
la Metaphysique disent que le genre est la _notion_ fondamentale et
essentielle dont les qualites sont les differences, pour rendre ces
mots: [Grec: Os en tois logois to proton enupargon, ho legetai en to ti
esti, touto genos].(V, XXVIII; et dans la trad., t. I, p. 202.) Suivant
de bons juges, c'est surtout la logique stoicienne qui aurait embrouille
les idees et entraine la scolastique dans les obscures subtilites de la
question des universaux. Quoique imparfaitement connue, cette logique,
en effet, parait captieuse et elle peut bien avoir trouble l'esprit de
Boece; mais elle n'a exerce qu'une influence tres-indirecte au moyen
age. Brucker attribue cette influence a l'ouvrage sur les categories
qu'on prete a Saint-Augustin et qu'il trouve ecrit dans l'esprit des
stoiciens. (_Hist. crit. phil._, t. III, p. 568, 672, 712 et 906.)]
Une seconde observation, a laquelle nous attachons quelque prix, c'est
qu'un certain conceptualisme n'est pas incompatible avec le platonisme.
Boece, en effet, ne dit pas qu'il repousse le platonisme. Ce qui est
incompatible avec le platonisme, c'est ce principe: rien n'existe a
titre universel. Mais on pourrait accepter la generation que Boece donne
des idees de genres et d'especes; on pourrait admettre que les genres et
les especes sont pour nous de pures conceptions generales fondees sur
des perceptions particulieres, sans qu'on fut pour cela strictement
oblige de rejeter la croyance aux idees eternelles de Platon. Que ces
idees existent, que les objets sensibles n'en soient que les images ou
les reflets, il n'en est pas moins vrai qu'elles se produisent et
se representent en nous d'une autre maniere, par les notions que
la puissance de notre esprit construit a la suite des sensations.
L'intelligence humaine placee entre le monde du sensible et du
particulier et le monde de l'intelligible et de l'universel, pourrait
communiquer avec l'un comme avec l'autre, et le conceptualisme, loin
d'etre faux dans cette hypothese, serait l'intermediaire necessaire
entre l'accidentel et
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