bien trouver un faux
oppose au faux, un mal oppose au mal, le vrai ne peut combattre le vrai
ou le bien le bien; toutes les bonnes choses se conviennent et sont
ensemble en harmonie. Or toute science est bonne, meme celle du mal, car
le juste ne peut s'en passer. Pour que le juste se garde du mal, il faut
en effet qu'il connaisse prealablement le mal; sans cette connaissance,
il ne l'eviterait pas. De ce qui est mauvais comme action, la
connaissance peut donc etre bonne, et s'il est mal de pecher, il est bon
cependant de connaitre le peche, qu'autrement nous ne pouvons eviter.
Cette science elle-meme, dont l'exercice est odieux (_nefarium_), et qui
se nomme la mathematique, ne doit pas etre reputee mauvaise[449]; car
il n'y a pas de crime a savoir au prix de quels hommages et de quelles
immolations les demons accomplissent nos voeux; le crime est d'y
recourir. Si en effet savoir cela est mal, comment Dieu lui-meme peut-il
etre absous de toute malice? Lui qui contient toutes les sciences qu'il
a creees, et qui seul penetre les voeux de tous et toutes les pensees,
il sait necessairement et ce que desire le diable, et par quels actes
on peut se le rendre favorable. Ainsi donc savoir n'est pas mal, mais
faire; et la malice ne doit pas etre rapportee a la science, mais a
l'acte. Nous concluons que toute science, puisqu'elle, provient de Dieu
seul et qu'elle est un de ses dons, est bonne. De la suit qu'on doit
accorder que l'etude de toute science est bonne, etant un moyen
d'acquerir ce qui est bon. Or, l'etude a laquelle il faut principalement
s'attacher, est celle de la doctrine qui enseigne le mieux a connaitre
la verite. Cette science est la dialectique. D'elle vient le
discernement de toute verite et de toute faussete; elle tient le premier
rang dans la philosophie; elle guide et gouverne toute science. De plus,
on peut montrer qu'elle est tellement necessaire a la foi catholique,
que nul, s'il n'est premuni par elle, ne saurait resister aux
sophistiques raisonnements des schismatiques.
[Note 448: L'art par excellence, la dialectique. Voy. ci-dessus, l.
I, p. 4.]
[Note 449: La mathematique comprenait alors la magie. C'etait sous
quelques rapports une cabalistique. Cependant le meme nom designait
aussi les sciences du calcul. (Johan. Saresb. _Policrat._, l. II, c.
XVIII et XIX. Voy. aussi ci-dessus l. I, p. 12.)]
"Si Ambroise, eveque de Milan, homme catholique, avait ete premuni par
la dialectique, Augustin, encore
|