xpressions qui devaient dans l'esprit du temps servir a la resoudre?
En effet, Aristote a etabli plusieurs principes, sinon contradictoires,
au moins difficilement conciliables. C'est assurement un principe
fondamental chez lui qu'il n'y a de reel que la substance determinee;
que toute la realite est dans le particulier, l'individuel; que c'est la
la substance premiere. Et cependant il admet l'etre dans les attributs;
il distribue l'etre aux categories qui sont les attributs les plus
generaux; il assigne a la forme qui est sans matiere et qui n'est qu'une
puissance a la fois determinante et generale, la vertu de produire
l'etre reel en s'appliquant a la matiere elle-meme indeterminee et
universelle; enfin il dit que les genres sont des notions ou des
attributs essentiels, et classant les genres ainsi que les especes parmi
les substances, il ajoute que les especes sont plus substances que les
genres, quoiqu'il ait donne pour une des proprietes fondamentales de la
substance celle de n'etre susceptible ni de plus ni de moins[423].
[Note 423: _Met:_ * V, VII, VIII et XXVIII; VII, IV, V et VI.
_Categ._, V. _Topic._, I, V.]
Ces divers principes, dont nous croyons avoir fait comprendre la
generation, et qui, bien qu'assez difficiles a raccorder dans Aristote,
s'expliquent par l'inevitable diversite des points de vue que traverse
necessairement toute haute metaphysique, parvenaient aux penseurs de
nos premiers siecles, non pas tout a fait concus dans leur redaction
primitive a la fois precise et large, ni rapportes les uns aux autres,
comme dans le maitre, par l'unite d'un esprit puissant et systematique,
mais epars, morceles, decousus, et hormis peut-etre dans une seule
version litterale des deux premiers livres de la Logique, cites,
rappeles, appliques incidemment et quelquefois au hasard, suivant les
besoins de leur these, par les interpretateurs du peripatetisme. Sur
la foi de ces autorites secondaires, ces principes, acceptes par de
fervents adeptes, presque sans choix, avec une confiance, une deference
egale, portaient necessairement de l'embarras et de la confusion dans
les esprits et dans la science; et l'effort comme le desespoir de la
scolastique fut constamment d'eclaircir, de coordonner, de concilier
tous ces principes, et d'amener la dialectique a l'etat de concordance
methodique et demonstrative, qu'il semblait qu'elle ne pouvait manquer
d'avoir, soit dans la nature des choses, soit dans l'esprit infaillible
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