ngue les mots pour les choses, et revient par un detour a
l'ontologie. Si cette ontologie etait vraie, peu importerait le chemin
qui l'y aurait conduit; mais si elle est fausse, c'est alors qu'il ne
sait que des mots. Qu'est-ce donc en definitive qu'une science qui n'est
qu'une science de mots? c'est une fausse ontologie.
Or, maintenant, est-ce la ce qu'a ete la scolastique? Telle est la vraie
question, et elle ne peut etre resolue que par une etude suffisante de
la scolastique meme. Et comme il s'agit de savoir si finalement elle a
dit mensonge ou verite, on ne peut chercher a la passablement connaitre,
sans etudier avec elle le fond des choses; car on ne saurait juger d'une
science qu'en la comparant a son objet, comme on ne juge de la fidelite
d'un portrait que par son modele. Et cela deja prouve que l'etude de la
scolastique n'est ni aussi superficielle, ni aussi gratuite, ni aussi
sterile qu'il l'a paru longtemps.
Ainsi, bonne ou mauvaise, la scolastique est une philosophie. Ce que
nous avons dit suffit, ce semble, pour dissiper sur ce point les
principaux doutes. Maintenant il y aurait a examiner d'abord si elle n'a
reellement ete que ce que nous avons appele une terminologie; puis si
cette terminologie a produit une fausse ontologie. Sur ces deux points,
nous le disons d'avance, elle ne nous parait pas irreprochable; mais
elle n'est pas pour cela une science de neant.
Nous avons deja montre en general qu'une science qui meriterait, au sens
ou nous l'entendons, ce nom de science terminologique, ne serait pas
necessairement une science vaine. Faisons application de ces idees a la
scolastique.
Si cette philosophie est une science purement terminologique, elle est
bien au moins une grammaire. La grammaire fait profession d'etre la
science des mots. Est-elle pour cela une science vaine et qui n'importe
en rien a la connaissance des realites? Prenons un exemple pour plus de
clarte, et choisissons-le parmi les plus simples.
Au debut de toute grammaire, on vous dit que les premiers mots dont vous
deviez vous occuper, sont les noms. Les noms sont les mots qui designent
et les choses qui sont et ce que sont les choses. Les choses sont des
substances, et pour cette raison les noms sont appeles substantifs.
Ce que les choses nommees par les substantifs, sont en sus de leur
substance et de leur existence, est en quelque sorte ajoute a leur
substance, et les noms de ce qui s'ajoute ainsi sont dits adjectifs. En
d'aut
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