, telle quantite, tel mode essentiel; ou enfin, qu'elle a tel
accident qui la modifie secondairement. Il suit qu'il y a plus d'une
maniere d'_etre_, et que l'etre signifie tour a tour l'existence,
la forme, la quantite, la qualite, et meme toute sorte d'attribut
accessoire. On dit egalement Socrate _est_, il est quelque chose
d'existant; puis, Socrate est homme; puis, Socrate est philosophe,
athenien, jeune, malade, debout, etc.; tout cela est apparemment de
l'_etre_, puisque c'est ce que Socrate _est_. On peut donc distinguer
dans l'etre ce qui est en soi et ce qui est accidentellement. Laissant
de cote l'etre accidentel, disons que l'etre essentiel ou en soi est
l'etre veritable, objet eminent de la philosophie.
Or tout ce qui est est a la fois quelque chose, et telle chose et non
pas telle autre. On dirait ou l'on pourrait dire aujourd'hui: tout ce
qui a existence est substance et essence. Mais ces mots n'avaient pas
autrefois precisement ce sens, et pour exprimer d'apres Aristote, que
tout ce qui est, ou mieux, que le sujet de tout etre en soi est une
chose, telle chose, pas une autre chose, on employait la formule que
tout ce qui est se compose de matiere, de forme et de privation[403].
La matiere, c'est ce dont est l'etre, ce qui fait qu'il est; la forme,
c'est sa nature, ou ce qui fait qu'il est tel. Or, comme ce sont la les
conditions primordiales de l'etre, elles doivent se retrouver dans
tout ce qui est en soi[404]. Nous appellerons ce principe le principe
ontologique.
[Note 403: Arist., _Phys._, I, VII.--_Met._, XII, II.]
[Note 404: _Met._, IV, II; V, VII et VIII; VII, I, II et III; VIII,
I, II et III.]
2 deg. Il semble au premier abord que l'etre en soi ou essentiel ne dut
etre que la substance. Et sans aucun doute, c'est a la substance que
s'applique le plus rigoureusement la definition de l'etre en soi qui
vient d'etre donnee. La substance est a la fois, quand elle est
reelle, et le dernier sujet, c'est-a-dire l'etre indetermine qui n'est
l'attribut d'aucun autre et qui n'a pas d'attribut, ou la matiere; et
l'etre determine, pris par abstraction independamment du sujet, ou la
forme, qui n'est a proprement parler l'attribut d'aucun sujet, puisque
ce n'est qu'avec elle et par elle que la substance se realise; a
ce double titre, la substance est proprement l'essence (au sens
aristotelique).
Mais une essence n'est pas la seule chose dont on puisse jusqu'a un
certain point prononcer qu'elle est en so
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