car les mots n'expriment que les modifications de
l'esprit[407]. Les categories sont donc tous les attributs en general
que l'entendement peut affirmer d'un sujet. Ceci nous mene jusqu'en
ideologie, on meme en psychologie. Maintenant, lisez la Metaphysique,
que ne connaissait point Abelard, et les categories deviendront les
divers caracteres de l'etre, l'etre lui-meme ou l'etre en tant qu'etre
etant en dehors des combinaisons intellectuelles; et la science sera
finalement ontologique[408].
[Note 406: [Grec: Ta kata maedemian sumplokaen legomina]. _Categ._,
IV.]
[Note 407: _De Interpr._, I, I.]
[Note 408: _Met._, IV, I, II, etc.--_Logiq. d'Arist.; Introd._ par
M. Barthelemy Saint-Hilaire, t. I, p. LXXI.]
3 deg. Maintenant, si c'est un principe que tout etre se compose de matiere
et de forme, et si l'etre se dit des categories, le principe est
applicable a celles-ci memes, et toute categorie, tout predicament se
compose de matiere et de forme. C'est en effet ce que les dialecticiens
ont soutenu. A ne consulter que la logique, on pourrait l'ignorer. Dans
la Logique d'Aristote, les categories ne sont ou du moins ne paraissent
que des termes, les termes simples ou elementaires de toute proposition,
c'est-a-dire ceux sans lesquels ou sans l'un desquels aucune proposition
n'est possible. Or, comme la connaissance de l'etre s'exprime et
s'acquiert en general par la definition, et que la definition est une
proposition, les elements necessaires a la proposition sont les elements
de la connaissance de l'etre. Mais sont-ils en meme temps les elements
de l'etre, ses conditions reelles? Sont-ils ainsi des choses? c'est ce
que la Logique laisse incertain. Je ne crois pas que le texte litteral
soit decisif; et si l'on consulte l'esprit, comme le traite des
categories n'est que l'introduction au traite de l'interpretation ou du
langage, je crois que parmi les commentateurs d'Aristote, ceux qui ont
decide qu'il ne s'agit pas des choses dans le livre des categories, ont
eu raison. Ce qui ne veut pas dire qu'on eut raison de pretendre que les
categories ne sont ni des choses, ni dans les choses. Ceci est une autre
question, et qui, selon une observation deja faite, est plus du ressort
de la metaphysique que de la logique.
Or, c'est dans la Metaphysique qu'on lit: "L'etre en soi a autant
d'acceptions qu'il y a de categories; car autant on en distingue, autant
ce sont des significations donnees a l'etre. Or, parmi les choses
qu'e
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