de Constantinople. (Launoy, _De var.
Arist. fortun._, c. I, p. 174.) Je crois ce fait acquis a l'histoire.]
Il s'agit donc d'une existence modale, et non vraiment substantielle, a
moins que par substantielle l'on n'entende essentielle a la substance.
Or maintenant, chose assez remarquable, ce n'est pas sur ce point-la
que sont nes les doutes et les controverses du moyen age. On y a sans
explication et sans contestation applique le principe ontologique aux
predicaments, et l'on a traite des attributs generaux comme s'ils
etaient des etres; etres de raison ou etres substantiels, a ce degre
de generalite, on s'est peu occupe de la distinction. Je sais bien
qu'Abelard dit quelque part que c'est une maxime philosophique que parmi
les choses, les unes sont constituees de matiere et de forme, les autres
a la ressemblance de la matiere et de la forme[414]. Cette parole, jetee
en passant, est juste et profonde; elle doit etre toujours presente a
celui qui lit soit un ouvrage d'Abelard, soit un livre quelconque de
scolastique. Mais on s'est peu soucie de l'eclaircir ou de la discuter,
et voici la difficulte qui s'est produite, et qui a embarrasse la
science quatre cents ans durant.
[Note 414: _Theol. Chrits._, l. IV, p. 1317.]
Au degre de generalite, que l'esprit atteint en s'elevant aux
categories, tout semble se confondre et les distinctions s'evanouir.
Ainsi les categories sont des attributs, leur nom meme l'indique; et
celui de predicaments annonce aussi qu'elles ont quelque chose de la
nature du predicat ou attribut. Cependant la premiere de toutes est la
substance, si ce n'est entendue au sens precis que la science
moderne assigne a ce mot, au moins concue comme ce qui ne peut etre
attribut[414a]; elle est bien categorie ou predicament, c'est-a-dire au
fond attribut, mais attribut le plus general ou fondamental, et en outre
le premier des attributs les plus generaux ou fondamentaux. Comme
etant le premier, elle est l'acception premiere de l'etre. L'acception
premiere de l'etre ou l'etre premier, c'est ce que l'etre est avant
tout. Or ce qu'il est avant tout, c'est l'etre qu'il est, c'est sa forme
determinee, distinctive, ou son essence; car l'indetermine pur, s'il
est, n'est que l'etre en puissance; l'etre en acte, c'est l'etre
determine. Ainsi le premier attribut de l'etre, c'est d'etre determine,
c'est d'etre avec une forme, c'est d'etre une certaine essence, c'est
d'etre une substance qui n'est pas _un autre (aliud
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