par des articles comme en
francais, par des desinences et par des articles comme en grec; c'est un
point de grammaire qui n'a rien de commun avec la science de la pensee
ou de la nature. Que les substantifs abstraits soient de tel ou tel
genre, qu'ils soient tous feminins plutot que masculins ou l'inverse,
ce n'est pas la non plus une vraie question metaphysique; ce n'est en
grammaire qu'un point de fait a eclaircir ou a connaitre. Enfin des
questions meme plus profondes, comme celles de la composition des mots,
de leur transfusion d'une langue dans une autre, de la maniere dont les
idiomes se sont successivement engendres, quoiqu'elles ne puissent etre
resolues sans une analyse assez fine des idees, sont cependant des
questions qui, pour la plupart, dependent de l'etat des esprits dans
les pays et les temps ou les langues se sont formees. Bien qu'elles ne
soient pas uniquement verbales, et qu'elles touchent a la philosophie
de l'histoire, on peut encore les regarder comme des questions
grammaticales; elles appartiennent a la linguistique, a la science des
mots.
Mais enfin, dans les rapports generaux eux-memes du langage avec la
pensee, n'y a-t-il pas des points dont l'etude est indifferente, ou peu
s'en faut, a toute philosophie reelle? Je le crois, encore qu'on ne
puisse les parfaitement etudier sans philosophie; prenons pour exemple
tout ce qui concerne le langage figure. La connaissance approfondie
du langage figure conduirait sans doute a cette remarque, vraiment
philosophique, que la faculte de nommer les objets ne va pas sans un
penchant a representer les uns par les noms des autres, en vertu de
certaines similitudes qui frappent l'imagination plus que la raison; en
d'autres termes, a parler par images. Ou pourrait rechercher encore
si, comme quelques-uns l'ont pretendu, toute langue est exclusivement
metaphorique, ou si seulement le langage figure est de fait mele au
langage direct, et dans ce cas, si ce melange est utile, s'il est
inevitable, s'il y aurait quelque motif et quelque possibilite de
l'abolir et de composer une langue absolument denuee de figures. C'est
la de la philosophie sans aucun doute, mais c'est de la philosophie du
langage, et quoiqu'on en put tirer encore quelques inductions sur la
nature de l'esprit humain, la connaissance de la realite n'est pas fort
engagee dans l'etude de ces questions, et pour celui qui les resout
sainement, elles n'ont pas un rapport essentiel avec la verite de nos
|