istes, nominalistes, conceptualistes, averroistes,
scotistes, thomistes, occamistes, formalistes, terministes[402], avaient
un fonds commun d'idees, de principes, de maximes, de locutions, qui
formaient comme le terrain sur lequel croissait et s'etendait la plante
vivace et vigoureuse de la controverse la plus abstraite qui ait agite
le monde. Les debats, en effet, sur les points les plus ardus de la
theologie, semblent toucher de plus pres a la pratique que la question
de savoir si les noms des genres sont des abstractions.
[Note 402: Tels sont en partie les noms donnes aux sectes
qu'engendra la discussion des universaux. Au temps d'Abelard, on ne
distingue d'ordinaire que les realistes (ou reaux), les nominalistes (ou
nominaux), et les conceptualistes.]
Dans l'impuissance de parcourir ce terrain tout entier, nous devrions au
moins resumer les idees qui, au commencement du XIIe siecle, etaient en
quelque sorte les lieux communs de la philosophie et les points d'appui
de toute discussion, de toute recherche, de toute science.
Pour presenter un resume bien systematique, il faudrait donner une
analyse exacte de la philosophie d'Aristote; c'est-a-dire qu'en prenant
pour centre la Logique, il faudrait par les autres ouvrages, par la
_Physique_, par le _Traite de l'ame_, par l'_Ethique a Nicomaque_, mais
surtout par la _Metaphysique_, donner a la logique meme, des fondements
et des principes, et montrer comment elle a pu devenir toute la
philosophie, en presentant sommairement avec elle les autres parties
de la science auxquelles elle se lie. Mais c'est la un travail bien
considerable, qui ne serait pas conforme a la verite historique, et qui
risquerait de preter a la scolastique plus d'ensemble et plus de
methode qu'elle n'en avait reellement. On la rendrait aussi universelle
qu'Aristote; et lui-meme, elle etait loin de le connaitre tout entier.
Les createurs et les continuateurs de cette science ne se sont pas sans
doute renfermes strictement dans la logique, mais c'est suivant le
besoin des questions, c'est dans l'ordre ou elles etaient amenees par
l'etude de la dialectique, que se livrant a des excursions necessaires,
ils ont atteint, hors d'elle, des principes qui n'etaient point de son
ressort, et qu'ils ont rapportes dans son domaine, melant ainsi la
metaphysique, c'est-a-dire les notions d'une science objective et
transcendante, a la science subjective du raisonnement et de ses formes.
Nous ne les convertirons d
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