ls enseignent Platon, dit un
auteur du temps[401], et tous professent Aristote." C'est que la forme
generale de la science venait de lui. Sa dialectique qui aiguise et
satisfait si puissamment l'esprit, etait la seule etudiee. Quant a celle
de Platon, on la regrettait, mais on ne la connaissait pas; et, par
respect pour un nom qui ne perdit jamais sa grandeur, on recueillait
autant que possible quelques idees eparses de cet homme divin; on les
conservait precieusement, mais en les traduisant dans la langue de son
rival. Grace a cet eclectisme d'un genre particulier, quelques-uns
penchaient pour le maitre, la plupart pour le disciple, quoiqu'aucun
n'eut ose contredire le jugement de l'antiquite, en mettant le disciple
au-dessus du maitre. Toutefois il arrivait alors ce qui arrive
ordinairement: sur toute question, a toute epoque, il y avait sinon
deux ecoles, au moins deux opinions ou deux tendances philosophiques;
l'eclectisme, qui etait a peu pres dans l'intention de tous, prenait
toujours une des deux nuances, et l'on a pu, sans trop d'inexactitude,
reconnaitre, d'un cote l'influence un peu lointaine de l'ecole
platonique, et de l'autre la domination plus directe et plus absolue
du peripatetisme. Ce ne fut jamais, il s'en faut bien, le pur, le vrai
platonisme, ce ne fut pas meme le peripatetisme veritable. Mais si
chez les uns, Platon etait defigure, chez les autres, Aristote n'etait
qu'incomplet.
[Note 401: Johan. Saresb. _Metal._, l. II, c. XIX.]
Toutes les controverses ou se produisit cette distinction, peuvent
se ramener ou du moins se comparer a la memorable controverse sur
la question des universaux. Aucune ne fut plus celebre, plus
caracteristique et plus prolongee. Aussi d'excellents juges n'ont-ils
pas hesite a y concentrer toute la scolastique, et a renfermer toute son
histoire dans l'histoire de cette question. Elle fut capitale en effet;
elle agita les ecoles et presque la societe, elle partagea l'esprit
humain depuis Scot Erigene, jusqu'a la reformation, et ce n'est pas au
moment de parler d'Abelard que nous pourrions attenuer l'importance de
ce debat plus que seculaire. Nous accorderons a M. Cousin qu'en exposant
la controverse des universaux, on donne une idee du reste de la
scolastique; mais ce reste est quelque chose, beaucoup meme, et pour
juger ou seulement comprendre cette seule question, il est indispensable
de connaitre la science au sein de laquelle elle s'est elevee. Les
divers partis, real
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