bbon, et un certain Wilram, professerent, a Paris, la philosophie, mais
longtemps avant l'an 1000. (Launoy, loc. cit. et _Hist. litt._ t. IX, p.
61.)]
Maintenant, a quelle epoque faut-il fixer l'avenement d'Aristote au
gouvernement de l'ecole? On sait parfaitement celle ou il obtint
une influence predominante et bientot exclusive, grace au renfort
qu'apporterent les Arabes, grace a la protection de l'empereur Frederic
II; c'est apres Abelard, au commencement du XIIIe siecle. Mais Aristote,
avant de devenir dictateur, comme Bacon l'appelle, avait ete consul. A
la fin du XIe siecle, l'enseignement de la dialectique, des longtemps
etabli dans l'ecole, s'anime et s'agrandit; la popularite d'Aristote
commence et presage son autorite future[399]. Abelard parait, et soudain
il devient le plus puissant promoteur de cette autorite. Il illustre
et fortifie de son eloquence et de sa gloire ce naissant empire de la
logique, qui ne devait s'organiser et se proclamer qu'apres lui[400].
[Note 399: C'est au Xe ou XIe siecle que M. Cousin (Append., p. 658)
rapporte un poeme sur les categories ou on lit:
Doctor Aristoteles cui nomen ipsa dedit res,
Ingenio polleus miro, praecelluit omnes.
[Note 400: Cf. Launoy, _De var. Arist. in Acad. paris, fort._, c.
I et III.--Brucker, _Hist. crit. phil._, t. III, p. 670-684.--Buddaei
_Observ. select._, t. VI, ch. XVIII et XX.--Jourdain, _Rech. sur les
trad. d'Arist._, passim.--M. Rousselot, _Phil. dans le moy. age_, 1re
part--Voyez aussi le chap. suiv. et le chap. I du l. III.]
Nous avons essaye de faire connaitre le caractere general, les sources,
l'origine, les debuts de la scolastique; il conviendrait a present de
donner une idee plus complete et plus approfondie de la science meme qui
s'est appelee de ce nom.
CHAPITRE II.
DE LA SCOLASTIQUE AU XIIe SIECLE ET DE LA QUESTION DES UNIVERSAUX.
Nous recherchons maintenant quelle sorte de science le moyen age avait
faite avec les donnees dont il disposait, et mise a la tete de
toutes les connaissances humaines. Au XIIe siecle, on l'appelait
la dialectique. Elle avait en effet la forme et le langage de la
dialectique, quelles que fussent les idees qu'elle exprimait. Mais ces
idees etaient, suivant les temps et les hommes, des idees platoniciennes
ou des idees aristoteliques, beaucoup plus souvent les secondes que les
premieres; et chez ceux meme qui repetaient ce qu'on savait de Platon,
Aristote encore tenait une grande place: "I
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