rse encore dans les sciences
profanes, il les recherche, il les aime. Il conseille de lire les
philosophes; il y a, dit-il, dans Platon bien des choses qu'il ne faut
pas craindre[386]. Il reprend la division connue de la philosophie, en
physique, en morale, en logique, et celle-ci, les theologiens doivent
se la rendre propre. La dialectique, qu'il definit litteralement comme
Alcuin, il veut qu'elle entre dans l'instruction des clercs: n'est-elle
pas la science des sciences, _disciplina disciplinarum_? elle enseigne
a apprendre, elle enseigne a enseigner; _haec docet docere, haec docet
discere_. Seule elle sait savoir, _scit scire sola_ (ne dirait-on pas
la science de la science de Fichte?) enfin le syllogisme est une arme
necessaire[387]. C'est Raban, qui selon Tennemann, transporta en
Allemagne la dialectique d'Alcuin, que d'autres appellent la dialectique
ecossaise[388]. Il devint abbe de Fulde, puis eveque de Mayence (847).
[Note 386: "Non formidanda, sed in usum nostrum vindicanda." (_De
Instit. cleric._, l. III, c. XXVI, t. VI, p. 44.--_Op._, 3 vol. in-fol.
Col. Agrip., 1627.)]
[Note 387: _Id., ibid._, c. XX, p. 42.--_De Universo_, l. XV, t.
1, p. 201 et 202.--Cf. les gloses de Raban sur Porphyre, Boece,
l'_Hermeneia_, publiees par M. Cousin. Ouvr. ined., Append., p. 613.]
[Note 388: _Mon. de l'Hist. de la phil._, t. I, Sec. 244.--M. Haureau,
_la Scolastique au IXe siecle; Rev. du Nord_, t. II, 2e ser., p. 425.]
En meme temps que lui et apres lui, on distingue dans cette feconde
ecole de Tours, un homme d'une instruction singuliere pour le temps,
Haimon, plus tard eveque d'Halberstadt (841), qui des bords de la Loire
rapporta l'enseignement theologique, et fonda avec Raban dont il fut le
successeur, une florissante ecole a Fulde. La vint de Sens s'instruire
et meme enseigner, Loup Servat qui s'adonnait particulierement aux
lettres humaines, et par consequent a la logique. Nomme par Charles le
Chauve abbe militaire de Ferrieres en 842, esprit cultive, ecrivain
presque poli, il continua ses lecons malgre sa nouvelle dignite, et les
temoignages s'accordent pour distinguer en lui l'homme de lettres et le
theologien. Eleve d'Haimon et de Loup Servat, Heiric revint d'Allemagne
diriger dans sa patrie l'ecole d'Auxerre que Saint-Germain avait fondee;
il a laisse de remarquables monuments d'une latinite savante,
d'une sorte de talent poetique et, chose fort rare, d'une certaine
connaissance du grec[389]. Il est cite
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