comme ayant professe la
dialectique avec eclat au monastere de Saint-Germain. Apres Heiric, Remi
et Huebold, moines d'Auxerre ainsi que lui, furent signales comme ses
heritiers dans la philosophie[390]. Remi surtout, le plus celebre
ecrivain du commencement du Xe siecle, est renomme pour l'enseignement
de la dialectique qu'il cherchait plutot dans les pretendus traites de
saint Augustin que dans l'Organon d'Aristote. On possede encore de lui
des manuscrits qui prouvent qu'il connaissait Priscien, Donat, Martianus
Capella, et que ses etudes embrassaient le Trivium et le Quadrivium;
or, tel etait encore au temps meme d'Abelard le cycle des etudes
litteraires. Condisciple d'un fils de l'empereur Charles le Chauve a
l'ecole d'Heiric, Remi professa successivement a Auxerre, a Reims, a
Paris, et c'est dans cette derniere ville qu'il reunit pres de sa chaire
ses plus illustres disciples (872)[391]. Ainsi se forme la chaine d'un
enseignement philosophique qui vient enfin se fixer dans la cite ou
devait dominer Abelard.
[Note 389: Heiric a dit en parlant de ses maitres:
Hic Lupus, hic Haimo ludebant ordine grato.
(Cf. Duchesne, _Hist. francor. script._, t. II, p. 470.--Bolland., t,
VII, 31 Jul., p. 221.--Mabillon, _Analect._, p. 423.--_Hist. litt._, t.
V, p. 112 et 653.) C'est evidemment a cet Heiric, maitre du moine Remi,
comme on va le voir, que doit etre rapporte le traite manuscrit sur
les Categories dites de saint Augustin, ou M. Cousin a lu: "Henricus,
magister Remigii, fecit bas glosas" (_Ab._, Ouv. ined., Append., p.
621), et ce manuscrit pourrait etre de la main de Remi, ou copie sur le
sien.]
[Note 390: Dans la chronique du moine Ademar: "Heiricus, Remigium et
Ucboldum Calvum, monachos, haeredes philosophiae reliquisse traditur."
(Mabillon, _Act. sanct. ord. S. Ben._, t. V, p. 325.)]
[Note 391: Temoignages des XIe et XIIe siecles; le moine Jean, _S.
Odon. vit._; le moine Nalgod, _Ejusd. vit.; De vener. Frodoardo presb.
remig._--Mabillon, _id., ibid._, p. 151, 155, 180, 325.--_Ejusd. Anal._,
p. 423.--_Hist. litt._, t. VI, p. 99, 102; et Launoy, _De Schol.
celeb._, c. LIX.]
A ce moment, on voit de toutes parts les etudes logiques captiver les
esprits les plus eminents et les plus divers. C'est saint Odon qui se
forme a Paris, sous Remi, dans la dialectique et la musique, et qui,
plus tard, y devait professer a sa place. C'est Abbon qui suit les
memes lecons, qui les reproduit dans la meme ville (avant 970)
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