istote, en se
souvenant de Platon. Martianus Capella avait un peu auparavant publie
ce poeme encyclopedique ou les sciences sont personnifiees comme des
deesses, ou la Dialectique, au front pale, aux cheveux entrelaces, cache
dans les plis de sa robe athenienne des fleurs et des serpents, mais
se donne pour la legislatrice des autres sciences[380]. Boece mourait
tragiquement, en laissant ces traductions et ces paraphrases qui
devaient surnager les premieres apres le naufrage des lettres antiques
(526). Cassiodore, dressant, au VIe siecle, l'encyclopedie destinee a
lui survivre, et dont Alcuin devait faire un jour la regle legale
de l'enseignement scolaire, mettait au rang des sept disciplines la
philosophie sous le simple nom de dialectique. La philosophie etait
bien, pour lui comme pour Platon, la ressemblance de l'homme a Dieu,
mais il developpait cette definition par une analyse tres-sommaire de
l'Isagogue de Porphyre, des Categories d'Aristote, enfin des grandes
divisions de l'Organon[381]. C'est de ce temps peut-etre qu'il faut
dater les deux ouvrages sur le meme sujet que le moyen age mettait sur
le compte de saint Augustin. Au siecle suivant, Bede resumait pour le
nord de l'Europe toutes les connaissances humaines venues de l'Orient
et du Midi, et la philosophie trouvait place dans ses volumineuses
compilations. C'etait aussi d'Aristote qu'il aimait a donner des
extraits; deja il appelait chaque citation une _autorite_, et assignait
a la dialectique le premier rang dans la logique, _cette maitresse du
jugement_[382]. Apres Bede, les ecoles s'ouvrent en France a la voix de
Charlemagne. C'est Alcuin qui les inspire et les dirige. Il a etudie
toutes les sciences profanes, et certainement les sept arts, mais
surtout l'art dialectique, dont l'empereur, dit-il en s'adressant a
Charles lui-meme, a la _tres-noble intention_ d'apprendre les principes.
Lui aussi, il a quelque teinture de l'Isagogue, des Categories, de
l'Hermeneia, et il s'attache a faire recopier, a repandre, a imposer
meme comme bases de l'enseignement les traites logiques qu'Augustin,
dit-il, a, pour les traduire, tires des tresors de l'ancienne Grece,
De veterum gazis Graecorum clave latina[383].
[Note 380: Martian. Capel., _de Nupt. Philolog. et Mercur._, l. IV,
p. 325 et seqq. 1 vol. in 4 deg.. Francf. 1836.]
[Note 381: _[Grec: Omsiosis to theo xata ounaton anthropon.]_
(Cassiod., _de Art. ac Discipl._, t. II, c. III, p. 528. Ed. de Venise,
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