e de Thesee. Porphyre, saint Augustin, Martianus Capella,
Cassiodore, et surtout Boece, etaient les mediateurs necessaires et
respectes qui transmettaient les idees de Platon et d'Aristote aux Bede,
aux Alcuin, meme aux Jean Scot et aux Raban Maur, qui s'efforcerent les
premiers de repasser de l'erudition a la philosophie. On sait avec assez
d'exactitude quelle etait la bibliotheque philosophique de ces hommes
qui puisaient cependant presque toutes leurs idees a la source du passe.
Les originaux leur etaient en general inconnus. Le Timee de Platon et
la Logique d'Aristote, traduits en latin, sont les plus averes des
monuments des grands siecles qu'ils eussent entre les mains[376]. Le
platonisme qui n'est pas dans le Timee, l'aristotelisme qui n'est pas
dans l'Organon, ne leur etaient connus que confusement, par fragment,
par allusion, par citation dans les paraphrases et les expositions
incompletes des commentateurs sans genie des derniers temps. Il n'est
pas etrange que parmi ces debris, l'Organon ou plutot la doctrine qui
y est contenue et qui forme a elle seule un systeme acheve, un travail
defini et demonstratif, ait fait dominer partout la science et
l'esprit de la logique. La logique effaca peu a peu le reste de la
litterature[377]. Elle avait d'ailleurs exerce deja une influence
marquee sur les deux vrais maitres des ecoles du moyen age, Porphyre et
Boece. Ils s'etaient appliques, l'un a ouvrir au disciple les portes de
la logique, l'autre a conduire a travers ses detours le disciple initie.
L'un avait compose une introduction; l'autre des versions et des
commentaires. La-dessus, il est tout simple que les savants du moyen age
aient pense qu'il ne restait a la science que des gloses a faire. Le
mot meme fut consacre. Presque tous les philosophes scolastiques furent
eminemment des glossateurs[378], et l'on annota les commentateurs
d'Aristote, avant de l'interpreter lui-meme et de le connaitre tout
entier. C'est sans aucun doute un heureux hasard advenu a un court ecrit
de Porphyre et a quatre ou cinq de Boece qui fut la premiere cause de la
grande fortune d'Aristote. La puissance saisissante de la logique fut la
seconde. D'ailleurs toute logique est essentiellement elementaire, et
semble, comme la grammaire, reveler la raison; elle convient donc a des
etudes commencantes.
[Note 376: Encore Abelard n'avait-il dans les mains que les deux
premiers des six traites qui composent la Logique d'Aristote ou
_l'Organon_. (
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