temps, un medecin de Chalons-sur-Saone, ayant sauve le tombeau de
l'eglise de Saint-Marcel, cette cuve de pierre gypseuse alabastrite,
grossierement ciselee, au moment ou, achetee par un paysan, elle allait
etre livree a quelque usage domestique, la remit au createur du musee
des Petits-Augustins, et c'est dans ce sepulcre grossier dont les
sculptures paraissent effectivement a de bons juges etre du temps et du
pays, que les restes des deux epoux ont ete enfin deposes. Aupres d'une
statue reputee celle d'Abelard en habit de moine, une statue de femme,
du XIIe siecle, et a laquelle on avait adapte le masque de convention
d'Heloise, fut couchee sur le meme tombeau. C'est celui qu'on a place
dans une sorte de chambre ou de lanterne, d'un gothique orne, et formee
de debris enleves au cloitre du Paraclet, et surtout a une ancienne
chapelle de Saint-Denis. Ce monument, d'un style recherche, posterieur
au XIIe siecle, ouvrage composite d'Alexandre Lenoir, fut a la
restauration transporte du jardin du musee des Petits-Augustins dans le
cimetiere du Pere-Lachaise le 6 novembre 1817. Les noms d'Heloise et
d'Abelard etaient graves alternativement sur la plinthe, et interrompus
seulement par ces mots: [Grec: LEI SYMPEPLEGMENOI], _toujours unis_.
[Note 354: M. Alexandre Lenoir. Il a raconte lui meme tous ce
details. Le medecin de Chalons est M. Boisset, le sculpteur M. Descine.
(_Mus. des mon. fr._, t. I, p. 221 et suiv.--_Notice hist. sur la
sepult. d'Hel. et Abail._, par le meme, 1816.--Villenave, Notice placee
en tete de la traduction des lettres, par le bibl. Jacob, p. 116 et
suiv.--Autre traduction des lettres, par M. Oddoul; edition illustree,
t. I, p. CXI.)]
On a vu qu'Heloise avait un fils dont l'histoire ne parle pas. Il parait
qu'il entra dans les ordres, et obtint la bienveillance de Pierre
le Venerable. Dans la lettre qu'elle ecrit a ce dernier, elle lui
recommande son fils, pour qui elle le prie d'obtenir une prebende de
l'eveque de Paris ou de tout autre. L'abbe repond qu'il s'efforcera de
lui en faire accorder une dans quelque noble eglise, mais il ajoute que
la chose n'est pas aisee, et qu'il a eprouve souvent que les eveques
se montrent fort difficiles pour accorder des prebendes dans leur
diocese[355].
[Note 355: _Ab. Op._ ep. xxiv et xxv, p. 343 et 345.]
En 1150, il y avait a Nantes un chanoine de la cathedrale du nom
singulier d'Astralabe; il semble, que ce devait etre le fils
d'Abelard[356]. Un religieu
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