x du meme nom est mort en 1162, abbe de
Hauterive, dans le canton de Fribourg. Si c'est le fils d'Heloise, sa
mere lui aurait survecu de deux ans. Nous avons encore une piece de vers
latins qu'Abelard composa pour son fils; c'est un recueil de sentences
morales, et l'on y lit ces mots: _Nil melius muliere bona[357]_. C'est
la veritable epitaphe d'Heloise[358].
[Note 356: Extrait du Cartulaire de Bure; _Mem. pour servir a
l'Hist. de Bretagne_, t. I, p. 587. Aussi Niceron veut-il qu'Astralabe
soit mort en Bretagne (t. IV). Turlot dit avoir lu dans l'obituaire
du Paraclet qu'il mourut dans ce couvent peu de temps apres sa mere.
(_Abail. et Hel._, p. 124 et 144.)]
[Note 357: C'est M. Cousin qui a decouvert par hasard, en 1837, cet
Astralabe, mort en Suisse abbe de benedictins. Il a aussi publie des
vers qu'Abelard aurait faits pour son fils, et qui, sans manquer
d'elegance, manquent de poesie comme presque tous les vers latins du
moyen age. (_Frag. philos._, t. III, append. X.) Mais malgre l'_Histoire
litteraire_, Thomas Wright (_Reliq. antiq._, t. I, p. 15), M. Edelestand
Dumeril ne veut pas que cette piece soit d'Abelard. (_Journ. des sav. de
Norm._, 2e liv., p. 112.)]
[Note 358: D'Amboise en a publie une autre en quatre mechants vers
latins. Il ne dit point ou il l'a trouvee (_Ab. Op._, praefat. in fin.),
elle commence ainsi:
Hoc tumulo abbatissa jacet prudens Heloyssa, etc.
Terminons notre recit. Il doit, s'il est fidele, suffire pour faire
connaitre Abelard et celle dont le nom charmant est inseparable du
sien. On nous dispensera de chercher a juger son genie, son amour, son
caractere. Sa vie est comme le reflet de tout cela, et on le juge en la
racontant.
Quoique les ouvrages d'Abelard aient beaucoup de valeur, ils donneraient
de lui une insuffisante idee, si nous n'avions le temoignage de son
siecle, et ce temoignage est tres-considerable. Ces temps du moyen age
qu'on se represente comme ensevelis dans l'ignorance, comme abrutis
de grossierete, tenaient en haute estime, peut-etre a cause de leur
grossierete et de leur ignorance meme, les travaux de l'esprit et
du talent. La renommee s'attachait aisement alors a la superiorite
litteraire, et je ne sais s'il est beaucoup d'epoques ou il ait mieux
valu briller par la pensee ou la science. C'etaient autant de dons
rares, merveilleux, presque surnaturels, auxquels tous rendaient
hommage. Le clerge meme considerait les esprits qu'il redoutait. Le
pouvoir te
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