neant,
il lui ecrivit une grande lettre toute pleine d'autorite et de douceur
ou nous lisons cette belle parole trop peu comprise des moines de tous
les temps: "La regle de saint Benoit est subordonnee a la regle de la
charite[330]."
[Note 327: Pierre le Venerable, "Venerabilis cognomine, quod ipsi
haesit, sua aetate donatus" (_Rec. des Hist._, t. XV, ep. Pet. Clun.
abb., _Monit._, p. 625); "Cognomento venerabilis ob eximiam divinarum
et humanarum scientiarum cognitionem cum insigni vitae prebliate
conjunctam" (_Gall., Christ._, t. VI, p. 1117), ne fut point _canonise
selon les formes_. Mais les benedictins n'ont pas manque de l'inscrire
dans leur martyrologe; et dans la bibliotheque de Cluni, son nom est
precede de l'S. (_Bibl. Cluniac. vit. S. Pet. vener._, p. 553.) Les
auteurs de l'_Histoire litteraire_ le regardent egalement comme un saint
en France. (_Hist. litt._, t. XIII suppl., p. 431.)]
[Note 328: Fleury n'hesite pas a considerer l'apologie de Cluni
adressee par Pierre a Bernard comme une reponse a l'ouvrage du dernier,
et c'est aussi l'opinion de Neander. Les auteurs de l'_Histoire
litteraire_ mettent un grand soin a prouver qu'il n'en est rien et que
Pierre ne repond qu'aux cisterciens en general. Il est certain que la
refutation n'est ni directe, ni expresse, mais l'opposition entre
les deux hommes est flagrante. (Cf. _Bibl. cluniac._, l. I, ep.
XXVIII--_Hist. litt._, t. XIII, p. 199, t. Xlll supp., p. 266 et 438.--
_Hist. Eccl._, l. LXVII, n deg. 43.--_Saint Bernard et son siecle_, l. II.)]
[Note 329: S. Bern. _Op._, vol. 1, not. in ep. CCXXVIII.--_Bibl,
Clun., Petr. Ven. epist._, l. I, ep. XXXIII-XXXVI.]
[Note 330: "Regula illa illius sancti patris ex illa sublimi et
generali caritalis regula pendet." (_Bib. Clun., Petr. epist._, l.
IV, ep. XVII, l. I, ep. XXIX.--S. Bern. _Op._, ep. CLXIV a CLXX, ep.
CCXXIX.)]
La bienveillance, l'estime, l'amitie meme parurent assez constamment
unir ces deux hommes si differemment chretiens. Ils se louerent beaucoup
l'un l'autre, et je ne sais s'ils s'en tendirent jamais. L'abbe Pierre,
par ses vertus calmes, sa piete simple, la culture et la distinction de
son esprit, etait universellement respecte dans l'Eglise. Il ne manquait
pas pour lui-meme de la severite necessaire a la profession monastique,
et sa reforme de son ordre, decretee en 1132, dans un chapitre general
ou assisterent douze cent douze freres et deux cents prieurs, l'a bien
prouve. Mais une chari
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