ite familiarite, et prend avec la derniere vivacite
la defense de saint Bernard contre une apologie qu'il traite de
calomnieuse. C'est celle que nous n'avons plus. Il accuse Abelard d'etre
_conduit par les furies_ et d'avoir compare saint Bernard a Satan,
transforme en ange de lumiere. Si la citation est exacte, l'accuse n'eut
fait que rendre a l'accusateur ce qu'il lui avait prete[318].
[Note 317: Nous avons deja parle de cette dissertation d'un abbe
anonyme. Plusieurs auteurs, Duchesne entre autres, l'ont confondue
avec celle de Guillaume de Saint-Thierry, ou la lui ont attribuee par
surerogation; erreur manifeste que Tissier et Mabillon ont relevee.
Point d'evidente raison non plus pour donner cet ouvrage a Geoffroi,
l'auteur de la _Vie de saint Bernard_. Un moine de Citeaux, nomme aussi
Geoffroi, l'attribue bien a un abbe de moines noirs, et Geoffroi le
biographe devint en effet abbe de Clairvaux (ou des moines noirs de
Citeaux); il fut le troisieme successeur de saint Bernard; mais il
n'etait point abbe a l'epoque ou l'ouvrage parait avoir ete ecrit, et
surtout il ne dependait pas de l'archeveque de Rouen. L'ouvrage, au
reste, a ete insere dans la Bibliotheque de Citeaux. (Disputat. anonym.
abbat. adv. dogm. P. Abael., _Bibl. cist._, t. IV, p. 238.--S. Bern.
_Op._, admon. in opusc. XI, vol. 1, t. II, p. 636.--_Thes. nov. anecd.
observ. proev. in Ab. Theol._, t. V, p. 1148.--Ex epist. Gaufr. mon.
clarev., _Rec. des Hist._, t. XIV, p. 331.--_Ab. Op._; Not., p. 1193.)]
[Note 318: Voyez ci-dessus et S. Bern. ep. CCCXXX.]
Mais ces violences de langage, toujours blamables, etaient de plus
imprudentes. Le clerge orthodoxe prenait de jour en jour le dessus.
Berenger, esprit vif et caustique, s'etait fait encore d'autres
affaires, en attaquant les chartreux qui, dit-on, avaient pris parti
contre lui[319]. Il se vit bientot oblige de quitter le pays et de
songer a sa surete; puis du fond de la retraite ou il s'etait cache,
il ecrivit a Guillaume, eveque de Mende, une lettre ou il s'excuse, en
laissant echapper encore quelques epigrammes contre saint Bernard. Il
declare qu'il se rend sur les questions generales du dogme, qu'il n'a
pas fait suivre son premier ouvrage d'un second, et qu'il a renonce a
s'eriger en patron des articles reproches a Pierre Abelard, puisque,
encore qu'ils soient bons pour le sens, ils ne le sont pas pour le
son[320]. "Quant a l'apologie que j'ai publiee, je la condamnerai,
dit-il, en ce sens, qu
|