, qu'on n'a eu qu'a les copier ou a les imiter dans tous ceux
qu'on a faits depuis pour la discipline des diverses et nouvelles
communautes de commerce.
Les moeurs, objet si digne de l'attention des rois, quelquefois trop
neglige, eurent toujours la premiere part aux soins de saint Louis. Tout
ce qui ressentait la licence etait proscrit sous diverses peines; les
spectacles etaient permis, mais ce qui pouvait causer quelque scandale
en etait severement banni.
On vit sous son regne des ecrits sur la religion, des ouvrages
philosophiques, des poemes, des romans; mais on n'y voyait rien qui
respirat la sedition, l'impiete, le materialisme, le fanatisme, le
libertinage. D'abord il avait chasse les femmes de mauvaise vie, tant
des villes que des villages; convaincu ensuite de la maxime de saint
Thomas, que ceux qui gouvernent sont quelquefois obliges de souffrir
un moindre mal pour en eviter un plus grand, il prit le parti de les
tolerer; mais, pour les faire connaitre et les couvrir d'ignominie, il
determina jusqu'aux habits qu'elles devaient porter, fixa l'heure de
leur retraite; et designa certaines rues et certains quartiers pour leur
demeure. La pudeur, si naturelle au sexe, vint au secours des lois;
plusieurs eurent honte d'un genre de vie qui les notait de tant
d'infamie. Un grand nombre se convertirent, et se retirerent dans une
maison de filles penitentes, qui etait ou l'on a vu depuis l'hotel de
Soissons.
On a parle de son attention pour la surete des grands chemins; il voulut
encore y joindre la commodite. S'il n'eut pas le bonheur de les porter a
ce point de perfection ou nous les voyons aujourd'hui, il eut du moins
la gloire de les avoir rendus plus praticables qu'ils n'avaient ete sous
ses predecesseurs. Souvent il envoyait des commissaires pour veiller a
ce que les rivieres fussent navigables. Enfin, rien n'etait oublie,
ni pour les reglemens, ni pour l'execution, qui est encore plus
essentielle.
Tant de soins, en etablissant l'ordre dans l'etat, en assuraient la
tranquillite; ils repandirent l'abondance dans le royaume. C'est peu
dire; ils augmenterent les revenus de la couronne: ce qu'on peut
regarder comme un chef-d'oeuvre de politique. Ce ne fut pas, en effet,
par les impositions extraordinaires que le monarque s'enrichit; on ne
les connaissait presque pas dans ces anciens temps. Alors, la richesse
de nos rois, comme celle des seigneurs, ne consistait qu'en terres, en
redevances, en confiscations,
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