e lui avait inspire.
Quelque temps apres, les vaisseaux genois etant arrives, trouverent ceux
de France tout equipes et prets a mettre a la voile.
_Le roi s'embarque pour la Palestine_.
Le roi, avant de s'embarquer, ecrivit une lettre aux deux regens du
royaume, pour les faire ressouvenir des ordres qu'il leur avait donnes
touchant l'observation de la justice. Il suffit de lire cette lettre,
pour connaitre de quel esprit ce saint prince etait anime, et qu'il
n'avait rien de plus a coeur que l'honneur de Dieu et le bonheur de ses
sujets[1].
[Note 1: In Spicileg., t. 2, epist. Lud. ad Math. abbatem, ann. 1270.]
Enfin, tout etant pret pour le depart, le roi s'embarqua le 1er
septembre, et le lendemain, le vent s'etant trouve favorable, on mit a
la voile. Le temps, qui d'abord fut beau, changea bientot, et on
essuya deux rudes tempetes avant d'arriver a Cagliari, capitale de la
Sardaigne, ou etait le rendez-vous de toute l'armee chretienne; enfin,
le vent s'etant un peu apaise, on jeta l'ancre a deux milles du port.
Les chaleurs excessives et les tempetes avaient corrompu toute l'eau de
la flotte, et il y avait deja beaucoup de malades. On envoya une barque
a terre, parce que le vent contraire empechait que la flotte ne put
entrer dans le port: cette barque rapporta de l'eau et quelques legumes;
mais, sur la demande que le roi fit faire au commandant d'y recevoir
les malades, il lui fit de grandes difficultes, parce que le chateau
appartenait a la republique de Pise, qui etait en guerre avec celle de
Genes, et que la plupart des capitaines de la flotte etaient genois. Le
roi en ayant envoye faire ses plaintes au commandant, tout ce qu'il put
obtenir fut qu'on debarquat les malades, et qu'on les fit camper au pied
du chateau et loger dans quelques cabanes des environs. Enfin, sur de
nouvelles instances, le commandant, craignant qu'on ne le forcat, comme
on le pouvait faire, d'etre plus traitable, offrit au roi de le loger
au chateau, pourvu qu'il n'y entrat qu'avec peu de monde, que les
capitaines genois ne descendissent point a terre, et qu'il promit de
faire fournir des vivres a un prix raisonnable.
Cette conduite choqua extremement les princes et seigneurs qui
accompagnaient le roi. On lui conseillait de faire attaquer le chateau,
et de s'en rendre maitre; mais Louis, toujours guide par la justice et
par la raison, repondit qu'il n'avait pas pris la croix pour faire la
guerre aux Chretiens, mais aux infidele
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