delier d'une
grande piete, tous trois fort chers au feu roi; mais sans autres ordres
de la part du nouveau souverain, que de rendre diverses lettres aux
regens, pour les confirmer dans leur autorite, et les exhorter a
maintenir la paix et la justice dans le royaume; aux eveques, pour leur
recommander de faire prier Dieu pour son illustre pere; aux commissaires
preposes a la collation des benefices en regale, pour leur enjoindre de
se conformer aux instructions de son predecesseur; a tous ses sujets en
general, pour leur ordonner d'obeir a ses lieutenans, et de leur preter
serment de fidelite pour lui et pour ses successeurs.
Apres qu'on eut rendu les honneurs funebres au corps du saint prince, on
rendit les honneurs de roi a Philippe son successeur, qui etait alors
dans sa vingt-sixieme annee. Il recut, avec la plus grande solennite les
hommages de ses vassaux. Le comte Alphonse, comme l'aine de ses oncles,
les rendit le premier, tant pour les comtes de Poitiers et d'Auvergne,
que pour celui de Toulouse, qu'il possedait du chef de sa femme. Le roi
de Sicile le rendit ensuite pour le Maine et l'Anjou; le roi de Navarre
pour la Champagne. Les comtes d'Artois, de Dreux, de Bretagne, de
Saint-Paul, les eveques et tous les barons francais qui se trouvaient a
l'armee, en firent autant pour ceux qu'ils tenaient du monarque.
On delibera cependant sur la conduite a tenir pour poursuivre
l'entreprise projetee par le feu roi. Les Sarrasins, encourages par la
nouvelle de sa mort, fortifies d'ailleurs par les troupes de plusieurs
souverains, se flattaient de detruire les Francais. C'etaient tous les
jours de nouvelles escarmouches, ou les barbares, quoique superieurs en
nombre, etaient ordinairement battus. Ils venaient au combat avec assez
de fierte, et obscurcissaient l'air d'une nuee de fleches; mais des
qu'ils trouvaient quelque resistance, ils prenaient la fuite et se
sauvaient aisement par la vitesse de leurs chevaux. L'abondance etait
dans leur camp, ou sans cesse on voyait arriver toutes sortes de
munitions, par une espece de lac qui facilitait la communication de
leur armee avec la ville de Tunis. Le roi de Sicile, qui commandait en
l'absence de son neveu, qu'une fievre violente avait repris, forma le
dessein de se rendre maitre de cet etang. Il commanda aux mariniers d'y
transporter tout ce qu'on pourrait rassembler de barques, et les troupes
eurent ordre d'etre sous les armes avant le lever du soleil. Les
infideles en
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