a fait de ce saint roi.
Le respect, dit cet auteur, la veneration et l'admiration que les sujets
de Louis avaient pour ce prince etaient l'effet d'une vertu et d'une
saintete qui ne se dementirent jamais: plus modeste et plus recueilli
aux pieds des autels que le plus fervent solitaire, on le voyait, un
moment apres, a la tete d'une armee, avec la contenance d'un heros,
donner des batailles, essuyer les plus grandes fatigues, affronter les
plus grands perils. La priere, a laquelle il consacrait plusieurs heures
du jour, ne diminuait en rien le soin qu'il devait a son etat. Il
tenait exactement ses conseils, donnait des audiences publiques et
particulieres, qu'il accordait aux plus petites gens, jusqu'a vider
quelquefois des proces de particuliers, assis sous un arbre, au bois de
Vincennes, prenant, en ces occasions, pour assesseurs les plus grands
seigneurs de sa cour, qui se trouvaient alors aupres de lui. Plusieurs
ordonnances qui nous restent de ce prince sur diverses matieres
importantes, et pour le reglement de la justice, une espece de code,
publie par le savant M. du Cange[1], intitule: _Les etablissemens de
saint Louis, roi de France, selon l'usage de Paris et d'Orleans et la
cour de Baronie_, sont des monumens qui nous marquent l'application
qu'il avait au reglement de son royaume; et c'est un grand eloge pour
ce prince, que, sous les regnes de plusieurs de ses successeurs, la
noblesse et les peuples, quelquefois mecontens du gouvernement, ne
demandaient rien autre chose, sinon, _qu'on en reformat les abus,
suivant les usages observes sous le regne de ce saint roi_.
[Note: Tresor des Chartres, registre cote 55.]
Quelque austere qu'il fut pour lui-meme, jusqu'a s'interdire presque
tous les divertissemens, sa vertu ne fut jamais une vertu chagrine.
Il etait extremement humain et fort agreable dans la conversation. Sa
taille mediocre ne lui donnait pas un air fort majestueux, mais ses
seules manieres le faisaient aimer de ceux qui l'approchaient. Il etait
naturellement bienfaisant, et sa liberalite parut surtout dans les
guerres d'outre-mer, envers plusieurs seigneurs et gentilshommes qui
avaient perdu tous leurs equipages, et a qui il donna de quoi les
retablir.
Sa douceur naturelle, sa modestie dans ses habits et dans ses equipages,
surtout depuis qu'il eut pris la croix, l'humilite chretienne en
laquelle il s'exercait plus qu'en aucune autre vertu, et qu'il
pratiquait surtout envers les pauvres, en les
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