de rendre un grand service a
la religion. Il lui envoya, avec de magnifiques presens, des personnes
distinguees, que les Grecs nomment _apocrisiaires_, ecclesiastiques
attaches a la cour, pour rendre compte au souverain de tout ce qui
regarde le clerge. Le roi les recut a Saint-Gilles, ou il faisait son
sejour, et les traita splendidement. Ils etaient charges d'une lettre,
par laquelle Paleologue protestait: "Que l'Eglise grecque ne souhaitait
rien avec plus d'ardeur, que de rentrer sous l'obeissance de Rome; qu'il
en avait ecrit au pape Clement IV, et, depuis sa mort, au college des
cardinaux; mais que, malgre tous ses soins, il n'avait pu obtenir aucune
satisfaction; qu'il le priait de vouloir bien se rendre l'arbitre de
ce grand differend; que tout ce qu'il ordonnerait serait fidelement
execute; qu'il reclamait sa protection au nom de Jesus-Christ, souverain
juge des hommes, qui, au dernier jour, lui demanderait un compte
rigoureux, s'il refusait de se preter a une oeuvre si meritoire."
Louis desirait ardemment l'extinction du schisme; mais il savait qu'il
ne lui appartenait point de prononcer sur cette matiere. Il repondit
qu'il ne pouvait point accepter l'arbitrage qu'on lui deferait; que
cependant il offrait tous ses bons offices aupres du Saint-Siege. Il
ecrivit en effet aux cardinaux qui gouvernaient pendant la vacance, et
sollicita vivement la conclusion d'une affaire si importante. La
reponse fut que le sacre college etait extremement edifie du zele et de
l'empressement du monarque, que cependant il le conjurait de ne point
se laisser surprendre aux artifices des Grecs, moins disposes qu'il ne
pensait a une reunion sincere; qu'il remettait toute cette negociation
entre les mains du cardinal d'Albe, Raoul de Chevrieres, legat de la
croisade; qu'il ne prescrivait d'autres bornes a sa commission, que
de se conformer au plan propose par le feu pape. C'etait un ordre a
l'empereur, aux eveques, a tous les principaux membres de l'Eglise
grecque, de reconnaitre la primatie de Rome, et de signer tous les
articles de foi contenus dans le memoire que le pape Clement avait
dresse. Les ambassadeurs promirent tout ce qu'on voulut, ce qui fit
concevoir de grandes esperances; mais elles furent vaines. L'empereur
n'avait cherche qu'a calmer ses inquietudes sur les armemens prodigieux
de la France et de la Sicile. Certain qu'ils n'etaient point destines
contre ses etats, il cessa de s'occuper d'un projet que la politique
seul
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