aint Louis esperait convertir le roi de Tunis, on
le renverra aux auteurs contemporains, guides toujours necessaires
aux modernes qui ne veulent point substituer a la verite des traits
brillans, frivoles et satiriques. Qu'il lise Guillaume de Nangis,
historien dont on n'a point encore soupconne la fidelite. Qu'il consulte
Geoffroy de Beaulieu, confesseur de saint Louis, qui l'a accompagne dans
sa derniere croisade, et qui l'a assiste a l'article de la mort. Il
apprendra de ces ecrivains, quelles etaient les vertus et les sentimens
de ce grand roi.
Mais, pour parler dignement d'un si saint homme, il faut porter dans
le coeur des sentimens nobles et releves, conduits par la veritable
religion, et ne pas etre de la secte des materialistes de notre siecle,
qui, n'esperant aucune recompense des bonnes actions y et ne craignant
aucune punition de leurs crimes, ne cherchent qu'a inspirer du mepris
pour la religion, afin de se livrer a toutes leurs passions.
Pour revenir au conseil que notre saint roi tenait pour deliberer sur la
resolution que l'on prendrait, les avis se trouverent partages. Les uns
voulaient qu'on allat a Ptolemais, ou Saint-Jean-d'Acre: c'etait la
seule place forte qui restait aux chretiens dans la Palestine, et
le soudan d'Egypte menacait de venir l'assieger. L'armee francaise,
disait-on, y trouverait, avec toutes sortes de rafraichissemens, les
vieilles troupes des croises orientaux, aguerris depuis long-temps, et
d'autant plus braves qu'ils se voyaient reduits a la derniere extremite.
Les autres soutenaient qu'il fallait aller a la source du mal, aller
droit en Egypte, tacher de se rendre maitres de Damiette. Le troisieme
avis etait de marcher droit a Tunis, royaume mahometan, etabli sur les
cotes d'Afrique. Comme c'etait l'avis du roi, il prevalut. Guillaume de
Nangis et Geoffroy de Beaulieu nous apprennent les raisons qui avaient
determine le saint roi a prendre ce parti.
Un roi de Tunis, nomme, selon quelques-uns, Muley-Mostanca, selon
quelques autres, Omar, entretenait un commerce d'amitie assez regulier
avec le monarque francais; il lui envoyait souvent des presens: il lui
laissait enfin esperer qu'il embrasserait la religion chretienne, s'il
le pouvait, avec honneur et sans trop s'exposer. On ne peut assez
exprimer la joie que ressentait Louis, au recit de ces pieuses
dispositions. "Oh! si j'avais la consolation, s'ecriait-il quelquefois,
de me voir le parrain d'un roi mahometan!" Ce n'etait po
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