dre resistance. Bientot on fut maitre de l'isthme, qui avait une
lieue de long et un quart de lieue de large. Les Francais dresserent
ensuite leurs tentes sur le terrain dont ils venaient de s'emparer. Ils
esperaient y trouver des rafraichissemens; mais il n'y avait point d'eau
douce: incommodite bien grande en tout climat, plus terrible encore
dans une region brulante telle que l'Afrique. Il fallut cependant la
supporter le reste de la journee et la nuit suivante. Le lendemain, des
fourrageurs decouvrirent a l'extremite de l'isthme, du cote de Carthage,
quelques citernes qui etaient defendues par une tour assez forte, ou il
y avait une nombreuse garnison de Sarrasins. L'ardeur de la soif fit
oublier aux Francais le danger; ils coururent a ces eaux en desordre et
sans armes, mais ils y furent enveloppes et presque tous assommes. On y
envoya un detachement de quelques bataillons, qui repousserent l'ennemi
et s'emparerent de la forteresse; mais peu de temps apres; les Barbares
reparurent en plus grand nombre. Ils allaient bruler les croises dans
leur nouvelle citadelle, si le roi n'y eut envoye des troupes d'elite,
sous la conduite des marechaux Raoul d'Estrees et Lancelot de
Saint-Maard. Alors tout changea: les infideles, epouvantes,
abandonnerent le fort, qui demeura en la possession des Francais. On
jugea neanmoins a propos d'en retirer la garnison: c'etait un poste peu
sur, qui pouvait etre aisement enleve; d'ailleurs, les citernes furent
bientot epuisees.
Deux jours apres, l'armee se mit en marche, et s'approcha de Carthage,
dont il etait important de s'emparer avant que d'assieger Tunis. On
trouva les environs de cette place fort agreables; des vallees, des
bois, des fontaines, et tout ce que l'on pouvait souhaiter pour le
besoin et pour le plaisir. La ville n'etait point fortifiee, mais il y
avait un bon chateau, que les infideles paraissaient vouloir defendre.
On preparait deja les machines de guerre pour l'attaquer dans les
formes, lorsque les mariniers vinrent offrir au roi de l'emporter
d'assaut, s'il voulait leur donner quelques arbaletriers pour les
soutenir. L'offre fut acceptee; les braves aventuriers, secondes des
brigades de Carcassonne, de Chalons-sur-Marne, de Perigord et de
Beaucaire, s'avancent fierement vers la citadelle, plantent leurs
echelles contre les murailles, montent sur les remparts, et y placent
l'etendard royal. Les soldats les suivent avec cette impetuosite
qu'un premier succes inspire a
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