ordee (il quitta le monde pour se faire moine a
Saint-Etienne de Dijon), mais Jean, frere cadet et heritier de Henri.
Agnes, la derniere et la plus jeune, eut dix mille livres, en attendant
qu'elle eut l'age d'etre mariee: elle fut depuis femme de Robert II, duc
de Bourgogne. Ainsi ce prince eut le plaisir, si satisfaisant pour un
pere, de voir tous ses enfans etablis suivant leur condition. Le saint
roi confirme toutes ces dispositions par son testament date du mois de
fevrier de la meme annee, et dont il nomme executeurs Etienne, eveque de
Paris, Philippe, elu a l'eveche d'Evreux, les abbes de Saint-Denis et
de Royaumont, avec deux de ses clercs[2], Jean de Troyes et Henri de
Versel.
[Note 1: Leurs enfans furent prives de la couronne par don Sanche, leur
oncle.]
[Note 2: C'est ainsi qu'on nommait alors ceux qui ecrivaient les
depeches et les lettres des rois. C'etaient ordinairement des
ecclesiastiques, car ils etaient presque les seuls qui sussent lire et
ecrire.]
Le surplus de son testament contient un nombre prodigieux de donations
aux monasteres, aux Hotels-Dieu, aux maladreries, aux filles qui sont
dans l'indigence, pour leur constituer une dot, aux ecoliers qui ne
peuvent fournir aux frais de leurs etudes, aux orphelins, aux veuves,
aux eglises pour des calices et des ornemens, a ses officiers pour
recompense de leurs services, enfin a ses clercs, jusqu'a ce qu'ils
eussent obtenu quelque benefice. Tous ces legs devaient etre acquittes,
tant sur les meubles qui se trouveraient au jour de son deces, que sur
les revenus de son domaine. Le prince, successeur ne pouvait y rien
pretendre que tout ne fut paye.
Quelque temps auparavant, pour affermir la paix, non-seulement dans
son royaume, mais encore dans les pays voisins, ce prince avait fait
prolonger pour cinq ans la treve dont il avait ete mediateur entre le
roi d'Angleterre et le roi de Navarre; et il avait termine, entre le
comte de Luxembourg et le comte de Bar, des differends pour lesquels on
en etait deja venu a de grandes violences.
Trois ans ayant ete employes a faire tous les preparatifs necessaires
pour cette seconde croisade, le roi se trouva au commencement de l'annee
1270, en etat de prendre les dernieres mesures pour son depart. Le point
le plus important qui restait a terminer, etait la regence du royaume
pendant son absence. La reine n'etait pas du voyage, et il semblait que
cette dignite la regardait plus qu'aucun autre; mais, soit que l
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