nouvelle. Tout travail cessa pendant plus de huit jours; les rues
etaient parees de ce que chaque citoyen avait de plus beau en
tapisseries; un nombre infini de fanaux de differentes couleurs, places
sur le soir, a chaque fenetre, ne laissait point apercevoir l'absence
du soleil. L'air retentissait nuit et jour de mille cris de joie et
d'alegresse. On compte plus de soixante seigneurs qui recurent, avec
le jeune prince, l'epee de la main du monarque. Les plus considerables
etaient Robert, comte d'Artois, neveu du roi; Jean de Bourgogne, devenu
l'aine de sa maison, par le deces du comte Eudes; Robert IV, comte de
Dreux; Guillaume, fils du comte de Flandre; Renaud de Pons; Guillaume et
Robert de Fiennes; Jacques de Faucigny, neveu de Joinville, et plusieurs
autres. Le roi fit toute la depense, qu'on fait monter a treize mille
livres, somme considerable pour ce temps-la. L'honneur d'etre introduit
par un prince tel que Louis, _au temple de la gloire_, c'est ainsi que
nos anciens nommaient la chevalerie, avait attire en France Edmond
d'Angleterre et un fils du roi d'Aragon. Tous deux y voulurent paraitre
avec un eclat qui repondit a leur haute naissance, et tous deux s'y
distinguerent par leur magnificence. Il y eut des courses de chevaux, et
des combats de barriere, ou les nouveaux chevaliers firent admirer leur
adresse, et se montrerent dignes du grade auquel ils venaient d'etre
eleves.
[Note 1: Guillaume Nangis, p. 378.]
_Le roi contribue a l'augmentation de la Sorbonne_.
On rapporte encore a cette meme annee, non l'etablissement (il est de
l'annee 1253), mais la confirmation du fameux college de Sorbonne, le
plus ancien, pour la theologie, de tous ceux que l'Europe a vu naitre
dans son sein. La reputation de cette ecole a fait prodiguer au celebre
Robert, dont elle porte le nom, des titres qu'il n'eut pas reellement,
ou du moins qu'il ne merita qu'en partie: tel est celui de prince
du sang royal, quoiqu'il fut fils _de vilain et de vilaine_[1],
c'est-a-dire roturiers, etablis a Sorbonne, village du Rhetelois; tel
celui de confesseur du roi, qu'aucun auteur contemporain ne lui donne,
sur lequel Joinville garde un profond silence, qu'il semble meme lui
refuser, en n'attribuant qu'a la vertu de cet ecclesiastique l'honneur
que le monarque lui faisait de l'admettre a sa table, de laquelle place
enfin le seul Geoffroy de Beaulieu parait avoir ete en possession depuis
le depart du prince pour la Terre-Sainte jusqu'au mom
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