ontinuelle que ses voisins ont
toujours respectee.
Le pape ne manqua pas de se servir de cet exemple du roi de France, pour
animer tous les princes chretiens a secourir la Palestine. Il envoya
des legats ou des lettres en Angleterre, en Espagne, en Pologne, en
Allemagne, a Constantinople, en Armenie; il ecrivit meme au grand kan
des Tartares, qu'il savait etre tres-jaloux des progres de Bondocdar, et
assez dispose a faire diversion en faveur des chretiens.
Le roi cependant continuait ses preparatifs avec un zele que la religion
peut seule inspirer; mais ne prevoyant pas pouvoir s'embarquer sitot
pour la Palestine, il y envoya du secours avec une procuration au brave
Geoffroy de Sargines, pour emprunter de l'argent en son nom: ce qui
servit a retenir une multitude de gens que la disette allait forcer de
deserter.
Une des causes de la desolation de cette malheureuse chretiente, etaient
les funestes divisions qui regnaient entre les Venitiens et les Genois.
Le roi n'oublia rien pour les engager a faire la paix. Les deux
republiques, sur ses instances, nommerent des plenipotentiaires; leurs
differens interets furent soigneusement discutes; rien neanmoins ne fut
conclu: tant la haine est opiniatre, lorsqu'elle est nee de la jalousie
et de la cupidite! Louis gemit en secret d'une obstination que ni la
gloire, ni la religion ne pouvaient vaincre; il n'en fut pas moins
ardent a la poursuite de ses pieux desseins.
Il etait question surtout de se procurer de l'argent pour les depenses
necessaires. C'etait un usage tres-ancien dans ces guerres saintes de
faire contribuer les ecclesiastiques; usage etabli des la naissance des
croisades, non toutefois sans beaucoup de contradiction de la part du
clerge. Ou voit plusieurs lettres des papes, qui lui reprochent avec
amertume de refuser a Jesus-Christ ce qui n'est proprement que son
patrimoine, tandis que les laics lui sacrifient avec joie et leurs biens
et leur vie. Le pape Clement accorda pour quatre ans au monarque la
dixieme partie du revenu des ecclesiastiques, qui murmurerent beaucoup,
firent des assemblees, ecrivirent au pontife, pour lui exposer la misere
ou le clerge etait reduit par les sommes precedemment payees. On leur
reprocha l'indecence de leurs plaintes, sous un roi qui prodiguait son
sang et ses biens dans une guerre tant prechee par les ministres de la
religion.
Alors le sacerdoce et l'empire agissaient de concert; il n'y avait
personne a qui recourir. Il f
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