pprouva hautement
cette nomination. Il ecrivit au monarque une lettre pleine d'aigreur.
Girard fut interdit de toutes ses fonctions, et menace d'excommunication
s'il ne renoncait a son droit, ou si, pour le prouver, il ne se
presentait en personne au tribunal du pape. Girard ne fit ni l'un ni
l'autre, sans doute par ordre du roi, qui avait pris la ferme resolution
d'empecher de pareilles usurpations. La mort de Clement, arrivee sur ces
entrefaites, laissa l'affaire indecise: elle ne fut terminee que sous le
pontificat de Gregoire X, son successeur, qui leva les defenses, et fit
jouir Girard de Rampillon de tous les fruits de sa nomination.
_Pragmatique-Sanction_.
C'est le sentiment de tous les historiens, que ce fut pendant
l'intervalle de la mort de Clement IV, a l'exaltation de Gregoire X, que
saint Louis rendit cette fameuse ordonnance, si connue sous le nom de
_Pragmatique-Sanction_.
Le celebre pere Daniel dit en parlant de saint Louis:[1] "Que jamais
prince n'eut un plus sincere respect pour les papes, pour les eveques,
pour les religieux et generalement pour tous les gens d'eglise: mais
nul roi de France n'entreprit avec tant de fermete que lui de borner
la puissance ecclesiastique, qui etait depuis plusieurs siecles en
possession d'empieter sur la puissance royale, et sur les tribunaux de
la justique laique. On a plusieurs de ses ordonnances sur ce sujet, et
entre autres sa Pragmatique-Sanction." Nous devons dire a l'honneur de
Rome moderne, qu'elle a reconnu l'enormite de la plupart de ces abus, et
qu'elle a consenti enfin a ce qu'ils fussent supprimes.
[Note 1: Daniel, _Histoire de France_, t. III, p. 359, edition de 1722.]
"C'est dans cette vue, dit Pasquier[1], que saint Louis, pour la
tranquillite de l'eglise gallicane, pour l'augmentation du culte divin,
pour le salut des ames fidelles, pour meriter les graces et les secours
du Dieu tout-puissant, fit au mois de mars de l'annee 1282, cette
celebre ordonnance qu'on a appelee Pragmatique-Sanction, concue en ces
termes:
[Note 1: Lauriere, _Ordonnances de nos rois_, t. I, p. 97 et 98.]
"Nous voulons, dit-il, et nous ordonnons que les prelats, les patrons et
les collateurs ordinaires des benefices, jouissent pleinement de leurs
droits, sans que Rome y puisse donner aucune atteinte par ses reserves,
par ses graces expectatives, ou par ses mandats; que les eglises
cathedrales ou abbatiales aient toute liberte de faire leurs elections,
qui sortiront
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