e sanglante bataille que les Genois perdirent.
D'un autre cote, les chevaliers du Temple et de l'Hopital, par une
malediction de Dieu, que leur vie debordee avait attiree sur eux, se
faisaient une guerre ouverte, et provoquaient le courroux du ciel par la
plus honteuse infidelite aux traites. Le principal article de la treve
conclue avec les Egyptiens par saint Louis, portait que, de part et
d'autre, on rendrait les esclaves et les prisonniers. Geoffroy de
Sargines l'executa de bonne foi: mais une insatiable avarice empecha
les chevaliers d'imiter son exemple; ils persisterent, malgre les
exhortations du sage commandant, a refuser ceux des Sarrasins qu'ils
tenaient dans les fers.
Bondocdar indigne de la perfidie, rassemble deux cents mille chevaux,
entre dans la Palestine, desole tout le plat pays, prend Nazareth qu'il
detruit de fond en comble. Cesaree est emportee d'assaut, la citadelle
se rend par capitulation: tous les habitans sont chasses, et les
fortifications, ouvrage de saint Louis, sont rasees jusqu'aux fondemens.
Caifas eprouve le meme sort, ainsi qu'Arsaph, place importante, ou
l'ordre des Templiers vit perir deux cents de ses chevaliers: juste
chatiment de leurs crimes. Il attaque ensuite Saphet avec la plus grande
opiniatrete. Les chretiens, apres une resistance incroyable, sont enfin
obliges de se rendre, la vie sauve; condition presque aussitot
violee qu'accordee: on egorge tous ceux qui refusent d'embrasser
le mahometisme. Aussitot le vainqueur marche a Ptolemais, ou
Saint-Jean-d'Acre, et ruine tous les environs. La bonne contenance
du brave Geoffroy de Sargines l'oblige de se retirer, mais c'est en
menacant d'en former le siege, lorsque ses machines de guerre seront
arrivees du Caire.
Ces tristes nouvelles avaient reveille le zele des chretiens d'Europe.
Des le temps du pontificat d'Alexandre IV, on avait parle d'une nouvelle
croisade: elle avait meme ete prechee en divers endroits. Mais dans
cette occasion le pape Urbain IV ecrivit a tous les princes chretiens,
les exhortant a se mettre eux-memes a la tete de leurs armees, pour
delivrer cette chretiente opprimee, ou du moins a lui envoyer de
puissans secours d'hommes et d'argent. Tout l'Occident fut en trouble,
et donna des marques de la plus grande tristesse: on tint des conciles,
on leva des decimes sur le clerge. On ordonna des prieres publiques: les
soins, en un mot, redoublerent a mesure que le mal augmentait.
Mais rien n'egale en particu
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