de sa tente, donner les ordres necessaires,
et faire combattre les autres. Plein de ces idees, que sa piete lui
representait conformes a sa raison, il en fit part au pape, qui ecrivit
au saint roi une lettre extremement tendre, pour l'exhorter a presser
l'execution d'une entreprise qui ne pouvait, disait-il, etre inspiree
que du Ciel.
_Etat des affaires de la Palestine_.
La Palestine se trouvait alors dans un etat deplorable. Louis, pendant
le sejour qu'il y fit, y avait retabli, comme je l'ai dit ci-devant, et
fortifie plusieurs places. Lors de son depart, il y avait laisse pour
commander, le brave Geoffroy de Sargines. Ce grand homme avait repondu
parfaitement aux intentions du monarque, et soutenu par sa valeur et par
sa conduite ce royaume desole et reduit a quatre ou cinq forteresses.
Tout y fut long-temps paisible sous le gouvernement de Plaisance
d'Antioche, veuve de Henri de Lusignan, roi de Jerusalem; titre vain, a
la verite, car Jerusalem etait au pouvoir des infideles, mais toujours
ambitionne, parce qu'il donnait un rang considerable parmi les princes
chretiens. Hugues II le portait alors avec celui de roi de Chypre: comme
il n'etait pas en age de gouverner, la regence fut confiee, suivant
l'usage, a la reine, sa mere, fille de Bohemont, prince d'Antioche.
Mais cette tranquillite dont jouissaient les chretiens d'Orient, etait
moins due a la sagesse de leur conduite, qu'a la mechancete de leurs
ennemis. L'ambitieux Moas, soudan d'Egypte, impatient de voir son
autorite partagee, deposa le jeune Achraf-Mudfaredin, qu'on lui avait
donne pour collegue, et fit assassiner le brave Octai, dont il avait
recu les plus grands services. Il fut lui-meme poignarde dans le bain,
par ordre de sa femme, dont le crime ne tarda pas a etre expie par une
mort semblable. Almansor-Nuradin-Ali, son fils, herita de sa couronne,
et non de ses grandes qualites. Le peu de courage qu'il montra lors
de l'invasion des Tartares, le fit deposer comme indigne du trone.
Colus-Sephedin-Modfar fut mis en sa place d'une voix unanime. C'etait
un Mameluck distingue par sa valeur, soldat intrepide, le plus grand
capitaine de l'empire egyptien. Aussitot il donne ses ordres pour la
surete des frontieres, renouvelle la treve avec les Chretiens de la
Palestine, marche contre cent mille chevaux que Holagou, prince tartare,
avait laisses en Syrie, les forces dans leur camp, tue leur general, et
les oblige de repasser l'Euphrate. Il revenait triomph
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