ent de sa mort: tel
encore celui de fondateur unique de la Sorbonne, dont les plus anciens
monumens ne le nomment que proviseur. Il est vrai qu'il contribua de ses
deniers a ce superbe monument, mais Louis y eut beaucoup plus de part
que lui. C'est a la generosite du saint roi que les Sorbonnistes doivent
la maison qui fut comme leur berceau. Elle etait situee vis-a-vis du
palais des Thermes, dans une rue nommee anciennement _Coupe-Gueule_,
ou _Coupe-Gorge_, parce qu'il s'y commettait beaucoup de meurtres. On
l'appelle aujourd'hui la rue de Sorbonne. Il y joignit par la suite
plusieurs autres batimens qu'il acheta sur le meme terrain pour y
etablir _les pauvres maitres_. C'est le nom qu'on donnait aux premiers
docteurs qui composerent ce college.
[Note 1: Joinville, p. 8.]
Quoi qu'il en soit, le nouvel etablissement devint en tres-peu de temps
une ecole celebre, ou fleurirent les sciences et la piete. Bientot on en
vit sortir de grands docteurs, qui repandirent sa reputation dans toute
l'Europe. On compte parmi ses premiers professeurs un Guillaume de
Saint-Amour, un Odon ou Eudes de Douai, un Gerard de Reims, un Geraud
d'Abbeville; noms fameux dans ces temps-la, ensevelis aujourd'hui avec
leurs ouvrages dans la poussiere des bibliotheques. On ne tarda pas a
voir s'elever, toujours sous la direction de Robert, un nouveau college
pour les humanites et la philosophie: on lui donna le nom de _Calvi_,
ou de la petite Sorbonne. Il subsista jusqu'au temps ou le cardinal de
Richelieu entreprit ce superbe edifice, qui a fait l'admiration de tous
les connaisseurs. Ce ministre, en faisant demolir le college de Calvi,
pour y construire sa chapelle, s'etait oblige de le rebatir sur un
terrain egalement contigu; mais la mort le prevint. Ce fut pour suppleer
a cet engagement qu'en 1648, la famille de Richelieu fit reunir le
college du Plessis a la Sorbonne.
Louis cependant, peu rebute de tout ce qu'il avait souffert dans sa
premiere croisade, toujours devore de zele pour l'interet de la religion
et de l'Eglise, meditait secretement une seconde expedition pour le
secours des Chretiens de la Palestine. Il se voyait en paix, aime de ses
peuples, redoute de ses voisins: ses finances etaient en bon etat; la
France nourrissait dans son sein une nombreuse et brillante jeunesse,
qui ne respirait que la guerre. S'il ne se sentait pas assez de forces
pour combattre lui-meme comme autrefois, il croyait du moins qu'un
general infirme peut,
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