noncer, non-seulement en nom commun,
mais encore conformement aux usages recus dans les etats du jeune
prince. Ce qui avait ete decide a Saint-Omer, touchant la piece de
terre, fatale cause de la querelle, fut confirme en son entier. On
l'adjugea aux Selingams a perpetuite. Renti fut en outre condamne a
demander pardon a genoux au pere du defunt, a faire quarante livres de
rente a ses enfans; enfin, a vider le royaume, pour aller passer cinq
annees au service de la Terre-Sainte.
On le vit, peu de temps apres, decerner la meme peine de l'exil contre
Boson de Bourdeille, qui, pour s'emparer du chateau de Chalus, en
Limousin, avait tue un chevalier nomme Maumont. En vain Marguerite de
Bourgogne, vicomtesse de Limoges, interceda pour le meurtrier, qui
offrait de se justifier par le duel: il fut oblige de rendre la
forteresse, et d'aller servir treize ans dans la Palestine.
Un chevalier se plaignait d'avoir ete insulte par trois gentilshommes:
le chatiment suivit de pres la poursuite de l'outrage. Louis, outre
une grosse amende qu'il exigea au profit de l'offense, ordonna qu'ils
iraient ensuite combattre sous les etendards du roi son frere. C'est
ainsi qu'il savait tirer le bien du mal, toujours occupe de l'un pour
extirper l'autre.
Ce fut par le meme principe de justice et d'humanite, qu'il s'eleva
fortement contre un usage observe de tout temps a Tournay, ou ceux qu'on
avait bannis pour meurtre, pouvaient se racheter de leur ban en payant
cent sous. C'etait mettre la vie des hommes a bien vil prix. Il en fut
indigne, et rendit une ordonnance qui abolissait cette etrange coutume;
ce qui le mit en si grande veneration parmi les peuples du Tournaisis,
que pour eterniser la memoire de ce sage reglement, ils arreterent que,
tous les ans, au jour de l'Ascension, le greffier du siege marcherait
dans les places publiques, cette ordonnance a la main, disant a haute
voix, que Louis, roi de France, etait veritablement le pere du peuple;
que, par ses soins, la vie du citoyen serait desormais en surete; et que
les meurtriers ne devaient plus esperer de jouir de leur patrie.
Ce fut cette annee que Louis arma chevalier le prince Philippe, son fils
aine, qui entrait alors dans sa vingt-troisieme annee. Jamais ceremonie,
dit un auteur du temps[1], ne rassembla plus de noblesse et de prelats:
Paris surtout fit eclater, en cette occasion, le tendre amour qu'on lui
connait pour ses princes, amour qui se reproduit d'une facon toujours
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