on, et
force de livrer Windsor, d'ou il etait sorti imprudemment. Le comte de
Leycester se trouva lui-meme dans un grand embarras en un faubourg de
Londres, et serait infailliblement tombe au pouvoir du roi, si les
bourgeois, apres avoir force les portes du pont, ne lui eussent facilite
sa retraite dans la ville, ou l'on tendit aussitot les chaines. Alors
les barons ne menagerent plus rien, renouvelerent leurs sermens avec
les plus horribles execrations, et se firent couper les cheveux pour se
reconnaitre. On n'entendait parmi le peuple que ces discours seditieux:
"Qu'ils ne vouloient point d'un roi esclave du pape et vassal de la
France, qu'ils sauraient bien se conduire sans lui; qu'il pouvoit aller
gouverner sa Guyenne, et rendre fidelement au monarque Francois le
service qu'il lui avoit jure." Insolences trop ordinaires a la populace,
surtout en Angleterre.
_Louis est choisi pour arbitre entre le roi et les barons d'Angleterre_.
Quelques gens sages des deux partis chercherent differentes voies de
conciliation, mais toujours inutilement. On etait convenu que toute
la cour, et les principaux ligues se trouveraient a Boulogne, pour y
discuter leurs pretentions reciproques devant le roi de France. On
s'y rendit en effet de part et d'autre; on disputa beaucoup, et on
ne conclut rien. On proposa enfin de s'en remettre a l'arbitrage du
monarque francais, et de se soumettre, sans restriction, a ce qu'il
ordonnerait. Henri l'accepta sans peine, les barons avec repugnance, ne
voulant point d'un roi pour juge dans une cause qui semblait etre celle
de tous les rois. Tout le monde cependant y consentit, et, des deux
cotes, on s'engagea par de grands sermens et par des actes solennels. Le
prince anglais, dans son compromis, date de Windsor, ou l'on voit les
sceaux d'Edouard, son fils aine, de Henri d'Allemagne, son neveu, et de
trente autres seigneurs, tant etrangers que regnicoles, jure sur son
ame, en touchant les saints evangiles[1], qu'il observera fidelement
ce que le roi de France decidera sur les statuts d'Oxfort. Les barons
(c'etaient les eveques de Londres et de Worchester, Simon de Montfort,
comte de Leycester, trois de ses fils, et dix-huit autres seigneurs)
promettent la meme chose et de la meme maniere, s'obligeant, sous les
sermens les plus sacres, a executer de bonne foi ce qui sera ordonne.
On n'y met qu'une condition, c'est que le differend sera juge avant la
Pentecote.
[Note 1: Matthieu Paris, p. 992.]
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