roi, qui l'accepta. Toutefois
Urbain IV, qui avait succede a Innocent, suivant le dessein de ses
predecesseurs, ne se rebuta point, et voyant que l'embarras ou se
trouvait le roi d'Angleterre dans son royaume, l'empechait de penser a
rien faire pour la conquete de la Sicile, en faveur du prince Edmond,
il resolut d'offrir au roi de France cette couronne pour celui de ses
enfans auquel il lui plairait de la destiner; mais Louis refusa son
offre, pour ne pas prejudicier aux droits de Conradin, ou a ceux
d'Edmond d'Angleterre, qui en avait deja recu l'investiture. Malgre tous
ces refus, Urbain fit encore proposer cette couronne par Barthelemi
Pignatelli, archeveque de Cosence, au comte d'Anjou.
Quoique le roi n'eut accepte pour aucun de ses enfans l'investiture de
la Sicile, il ne s'opposa point aux droits que le comte d'Anjou, son
frere, acquerait sur ce royaume par la donation du pape, qui pretendait,
a cause de la felonie des princes de la famille de Frederic, etre en
droit de disposer de cet etat, comme d'un fief relevant du Saint-Siege.
Le roi, qui crut avec raison qu'il ne lui appartenait pas d'entrer dans
la discussion de droits, peut-etre aussi injustes d'une part que de
l'autre, laissa l'archeveque de Cosence negocier cette affaire avec le
comte d'Anjou.
Je n'entrerai point dans le detail des difficultes que ce prince put
avoir sur diverses circonstances de cette affaire, ni des conditions
auxquelles le pape lui donna l'investiture du royaume de Sicile. Je
dirai seulement que l'esperance d'une couronne, et les instances de la
comtesse Beatrix, femme du comte d'Anjou, qui voulait a quelque prix
que ce fut, etre reine comme ses trois autres soeurs, le firent passer
par-dessus toutes les difficultes.
Le comte d'Anjou partit de Marseille, le 15 mai 1265, sur une flotte
de trente galeres, avec plusieurs vaisseaux de transport. Apres avoir
essuye une violente tempete, il arriva heureusement, la veille de la
Pentecote, a Rome, ou il recut l'investiture du royaume de Sicile: elle
lui fut conferee par quatre cardinaux que le pape avait envoyes pour cet
effet. Il prit des ce moment le titre de roi de Sicile; mais il ne
fut couronne, avec Beatrix sa femme, que le jour des Rois de l'annee
suivante.
Charles ayant recu un renfort considerable de troupes, tant de ses
comtes de Provence et d'Anjou, que de plusieurs seigneurs francais
volontaires, qu'il avait engages par ses promesses a l'accompagner, et
qui se rendirent
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