pour reprimer,
disait-il, la puissance arbitraire, trouvait fort mauvais qu'on n'obeit
pas a ce meme prince, depuis qu'il n'etait guide que par ses conseils.
C'est ainsi que les hommes changent de principes et de maximes, selon
leurs interets et selon les evenemens divers qui arrivent dans leurs
affaires.
Edouard cependant, echappe de sa prison, eut bientot rassemble une armee
superieure a celle des confederes. Aussitot il marche contre le comte
de Leycester qui avait toujours Henri en sa puissance, le joint pres
d'Evesham, lui presente la bataille, le defait, et delivre le roi son
pere: victoire d'autant plus complete, que le comte de Leycester, le
chef et l'ame de la rebellion, fut tue sur la place. On fit mille
outrages a son corps; il fut mutile, coupe en morceaux, et la tete
envoyee a la femme de Roger Mortimer, comme un temoignage certain que
son mari etait venge de cet ennemi.
Telle fut la fin malheureuse de Simon de Montfort, comte de Leycester,
qu'une facheuse affaire avec la reine Blanche, a laquelle il avait voulu
oter la regence, obligea de quitter la France, sa patrie, et qui trouva
le moyen, quoique etranger, de se rendre le plus puissant et le plus
redoutable seigneur d'Angleterre. Apres sa mort, tout se soumit, et ce
royaume commenca enfin a jouir de quelque tranquillite. Il ne l'avait
acquise que par le sang; dans la suite, il lui en couta beaucoup encore
pour l'affermir; juste punition de l'opiniatre resistance des barons,
qui se repentirent, mais trop tard, de ne s'en etre pas rapporte au
jugement de Louis.
Tous les regards de l'Europe etaient fixes sur la France, ou il se
negociait une affaire beaucoup plus importante: c'etait l'investiture du
royaume de Sicile, en faveur du comte d'Anjou, frere du roi. Ce royaume
avait ete envahi par Mainfroi, fils naturel de l'empereur Frederic II.
Il appartenait, par droit de succession, a Conradin, petit-fils de cet
empereur. Mais les papes, qui soutenaient que ce royaume etait un fief
du Saint-Siege, ne voulaient ni de Mainfroi, ni de Conradin, ni d'aucun
de la famille de Frederic, qu'ils regardaient comme l'implacable ennemi
des papes.
Le pape Innocent IV l'avait offert au comte d'Anjou, des l'annee 1252;
mais l'absence du roi son frere, et l'impuissance ou il etait dans cette
conjoncture, de soutenir une telle entreprise, la lui fit refuser. Cette
couronne fut ensuite offerte a Richard, frere du roi d'Angleterre, et
enfin a Edmond, second fils du meme
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