onomie, et souvent reprenait sur son sommeil ceux qu'un
devoir indispensable lui avait fait perdre en divertissemens. On lui
disait un jour[1] qu'il donnait trop de temps a ses oeuvres de piete.
"Les hommes sont etranges, repondit-il avec douceur: on me fait un crime
de mon assiduite a la priere; on ne diroit mot si j'employois les heures
que j'y passe, a jouer aux jeux de hasard, a courir la bete fauve, ou a
chasser aux oiseaux."
[Note 1: Duch., t. 3, p. 554.]
La police surtout et le commerce semblaient l'occuper tout entier. Il
s'attacha d'abord a punir les crimes nuisibles a la societe, tels que
l'usure, l'alteration des monnaies, les ventes a faux poids, et toute
espece de monopole. Comme il avait besoin d'etre soulage dans ces
penibles fonctions, il chercha long-temps, disent les historiens du
temps, _un grand sage homme_ pour le mettre a la tete de la justice
et police, qu'il voulait etablir principalement a Paris. C'etaient
anciennement les comtes de chaque province qui avaient l'administration
de la justice, de la police, des finances; les vicomtes, en leur
absence, exercaient les memes fonctions. Hugues Capet, parvenu a la
couronne, supprima ces deux titres pour le comte de Paris, et leur
substitua celui de prevot, avec les memes prerogatives. Ce nouvel
officier, outre le commandement sur la milice, administrait encore la
justice: c'etait lui seul qui la rendait a Paris, dans ces anciens
temps ou le parlement n'etait pas encore rendu sedentaire. Mais cette
importante place etant devenue venale, plus elle donnait de pouvoir,
plus elle occasionait d'injustices. Louis, pour remedier a ces abus,
defendit la venalite d'un emploi qui demandait le plus parfait
desinteressement, et il eut la satisfaction de trouver un homme qui
avait autant de lumieres que d'integrite. Ce fut Etienne Boileve,
originaire d'Anjou, chevalier, noble de _parage_, c'est-a-dire de race.
Louis lui donna la place de prevot de Paris. C'etait un homme de
grande consideration, tant a la cour qu'a l'armee; car ayant ete fait
prisonnier a Damiette, sa rancon fut mise a deux cents livres d'or,
somme alors considerable. Comme Boileve etait seul juge civil, criminel
et de police, il fit rigoureusement punir les malfaiteurs, brigands,
filoux, et autres faineans de la societe, qui vivent a ses depens.
Ensuite il rangea tous les marchands et artisans en differens corps de
communautes, dressa leurs premiers statuts, et leur donna des reglemens
si sages
|