mmencer l'execution, le monarque anglais, en presence de l'une et
de l'autre cour, fit hommage-lige au roi pour toutes les terres qu'il
possedait en France; hommage qui emportait serment de fidelite: ce qui
le distinguait du simple, toujours concu en termes generaux. Les rois
anglais ont fait de vains efforts dans la suite pour reduire leur
dependance a ce dernier; il fut regle, sous Philippe-le-Bel, que le roi
d'Angleterre a genoux, ayant ses mains en celles du roi de France, on
lui dirait: _Vous devenez homme-lige du roi, monsieur, qui cy-est,
et lui promettez foi et loyaute porter_; a quoi il devait repondre:
_Voire_, c'est-a-dire, _oui_.
_Mort de Louis, fils aine du roi_.
Tout etait fini, et rien n'exigeait de Henri un plus long sejour en
France. Il se preparait a se rembarquer, lorsque son depart fut retarde
par un malheur qui affligea tout le royaume. Le fils aine du roi, nomme
Louis comme lui, tomba malade, et mourut age de seize ans, regrette de
tous ceux qui le connaissaient. C'etait un prince aimable, qui joignait
aux agremens de la figure toutes les beautes de l'ame, doux, affable,
liberal, et dont toutes les inclinations se portaient au bien. Plus
occupe du bonheur des peuples, que de sa propre elevation, l'eclat du
trone auquel il etait destine ne fut point capable de l'eblouir. Il
s'opposa avec ardeur a la retraite d'un roi qui faisait la felicite
publique: c'est la seule occasion ou il fit paraitre quelque vivacite.
_Agreable a Dieu et aux hommes_[1], la France avait mis en lui toutes
ses esperances, et la religion le regardait comme son plus ferme appui.
Eleve sous les yeux d'un pere ennemi de toute dissimulation, il avait
recu des sa plus tendre enfance des idees claires et distinctes sur les
obligations de l'etat auquel sa naissance le destinait. "_Beau
fils_, lui disait le saint roi dans une grande maladie qu'il eut a
Fontainebleau[2], je te prie que tu te fasses aimer du peuple de ton
royaume; car vraiment j'aimerois mieux qu'un Ecossois vint d'Ecosse, ou
quelque autre lointain etranger, qui gouvernat bien et loyaument, que tu
te gouvernasses mal a point et en reproche." Le jeune prince mourut
avec tous les sentimens de piete que le religieux monarque lui avait
inspires. On conduisit son corps a Saint-Denis, et de la a Royaumont, ou
il fut inhume. Le convoi se fit avec une magnificence extraordinaire: le
roi d'Angleterre lui-meme voulut porter quelque temps le cercueil. Tous
les barons francais et
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