ir de procurer a ses peuples une paix durable, enfin
la delicatesse de sa conscience, qui lui laissait toujours quelques
scrupules sur la justice de la confiscation faite par son aieul des
domaines du pere de Henri, qui avait peut-etre ete trop rigoureuse, y
eurent beaucoup de part.
[Note 1: Joinville, p. 14.]
Les Anglais se plaignaient que leur roi, pour si peu de chose, eut
renonce a des pretentions qui leur paraissaient legitimes. On semblait,
a la verite, lui rendre cinq provinces; mais, apres un serieux examen,
on ne trouvait que quelques domaines honorifiques peu utiles. Deja meme
il en possedait une partie, comme Royan en Saintonge, et Bergerac dans
le haut Perigord: le reste ne regardait proprement que le ressort. Le
Perigord avait son comte, et le Limousin son vicomte. L'Agenois ne
pouvait manquer de revenir a sa maison, si la comtesse de Poitiers
mourait sans enfans; elle le tenait de son aieul, a qui le roi Richard
l'avait donne en dot; enfin, le peu qu'on lui abandonnait dans le Quercy
ne lui etait accorde qu'a condition qu'il prouverait qu'il faisait
partie de cette meme dot. Louis d'ailleurs se reservait sur les
provinces cedees la regale pour les eveches, la garde des abbayes, et
l'hommage, tant de ses freres, s'ils y possedaient quelques fiefs, que
de ceux que ses predecesseurs et lui s'etaient obliges de ne point
laisser tomber sous la puissance de l'Angleterre. Quelle proportion
entre une cession si limitee, et le sacrifice pur et simple de cinq
belles provinces qui, reunies, pouvaient former un puissant royaume!
Henri devait-il acheter si cher l'honneur d'etre vassal de la France?
Il parait que les Anglais connaissaient mieux que les Francais les
avantages qui revenaient a Louis par ce traite; et je crois que ceux-ci
avaient tort de blamer leur prince de l'avoir fait.
Cependant le roi d'Angleterre vint a Paris pour consommer entierement ce
fameux traite: il y fut recu avec les plus grands honneurs. D'abord il
logea au Palais, ou il fut traite pendant quelques jours avec toute la
magnificence possible. Il se retira ensuite a l'abbaye de Saint-Denis,
ou il demeura un mois entier. Louis l'allait voir souvent, et lui
faisait fournir avec abondance tout ce qui lui etait necessaire. Henri,
pour ne lui pas ceder en generosite, comblait de presens l'abbaye, ou
l'on voyait un vase d'or de sa liberalite. Enfin, toutes les difficultes
etant levees, le traite fut ratifie par les deux rois. Alors, pour en
co
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