ses successeurs,
comme pair de France et duc d'Aquitaine; 3. deg. declare qu'il se soumet au
jugement de la cour de France, non-seulement pour les differends qui
s'eleveront sur l'execution du traite, mais pour ceux meme qui naitront
entre lui et ses sujets de France. On a vu en effet cette meme cour
decider, trois ans apres, que les Gascons n'etaient point obliges de
rendre leurs hommages en Angleterre, mais seulement dans l'etendue de
leur province. On avait meme regle la maniere dont on citerait les rois
d'Angleterre, lorsqu'on serait oblige de le faire.
Le traite fut jure de bonne foi: d'abord au nom de Henri par ses
ambassadeurs, ensuite au nom de Louis par le comte d'Eu et le sire de
Nesle. Le roi voulut qu'il fut souscrit par les deux princes Louis
et Philippe, ses fils aines; mais en meme temps il declara que son
intention n'etait point de se dessaisir, qu'il n'eut recu l'hommage
et la ratification du monarque anglais. La treve fut donc continuee
jusqu'au 28 avril de l'annee suivante; et cependant l'acte fut mis
en depot au Temple, sous les sceaux des archeveques de Rouen et de
Tarentaise.
Telles sont les conditions de cette fameuse paix, si long-temps desiree,
si peu esperee de part et d'autre. On a remarque (chose assez ordinaire)
qu'agreable aux deux rois, elle deplut egalement aux deux nations.
Il serait inutile de rapporter ici les reflexions politiques que nous
ont debitees leurs historiens sur ce fameux traite. Guides par la
prevention, dont ils sont naturellement affectes chacun pour leur pays,
ils ont peut-etre aussi mal raisonne les uns que les autres.
Les Francais ont blame leur prince d'avoir, au prejudice des veritables
interets de son etat, traite si favorablement le roi d'Angleterre.
On lui rendrait sans doute plus de justice, si on reflechissait
serieusement sur la droiture de ses intentions. "Je sais bien, disoit-il
aux gens de son conseil, suivant le rapport de Joinville[1], que le roi
d'Angleterre n'a point de droit a la terre que je lui laisse: son pere
l'a perdue par jugement; mais nous sommes beaux-freres; nos enfans sont
cousins germains: je veux etablir la paix et l'union entre les deux
royaumes: j'y trouve d'ailleurs un avantage qui est d'avoir un roi pour
vassal. Henri est a present mon homme, ce qu'il n'etoit pas auparavant."
Voila sans doute ce qui le determina; peut-etre aussi les evenemens
toujours incertains de la guerre, l'horreur de voir repandre le sang
chretien, le des
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