pas assez. Henri cependant ne desesperait pas de recouvrer, par la
negociation, ce que son pere avait perdu par sa felonie. C'etait ce qui
l'avait amene a Paris, et l'y avait fait prodiguer caresses et presens
pour gagner les confidens de Louis; mais, s'il avait remarque beaucoup
de bonne volonte, il s'apercut en meme temps, dit son historien, qu'elle
etait moins forte que la crainte du baronage. Peu rebute de cette
tentative, il essaya de se faire mettre sur la liste de ceux a qui le
roi faisait faire des restitutions: la reponse ne fut pas favorable.[1]
Tout recemment encore, il venait d'envoyer le comte de Leicester, son
beau-frere, avec plusieurs autres grands seigneurs d'Angleterre, pour
reclamer les provinces tant de fois demandees. Ils oserent representer
que, la treve etant sur le point de finir, la restitution des domaines
confisques etait le seul moyen d'eviter une guerre funeste aux deux
nations; qu'il etait contre la justice de punir le fils des fautes du
pere; que cette faute, en un mot, quelque grande qu'elle put etre, etait
assez expiee par une si longue privation de tant de riches possessions.
Les ambassadeurs etaient accompagnes de ceux de Richard, frere de Henri,
nouveau roi des Romains, qui, de son cote, redemandait le Poitou, qui lui
avait ete donne en apanage, trente ans auparavant. Louis les recut tous
avec bonte; mais les princes, ses freres, les seigneurs de la cour, le
peuple meme, ne leur temoignaient qu'indignation, et mepris. Desesperes
des sarcasmes dont on ne cessait de les accabler en toutes rencontres, peu
satisfaits d'ailleurs de la reponse du monarque, qui, sans leur dire
rien de positif, remit l'affaire au parlement, qu'il devait convoquer au
careme prochain, ils ne virent d'autre parti a prendre que de retourner
porter a leur maitre de si tristes nouvelles; mais, en partant, ils
laisserent a Paris l'abbe de Westminster pour continuer la negociation.
Pendant que l'abbe de Westminster en etait occupe, les grands seigneurs
d'Angleterre, bien plus jaloux encore de leurs privileges et de leurs
prerogatives, qu'ils n'etaient chagrins de la puissance du roi de
France, etaient fort brouilles avec leur roi. Comme ils apprehendaient
que saint Louis, en cas de division, ne prit contre eux le parti de
Henri, ils disputerent au monarque francais quelques-uns de leur corps,
avant l'assemblee du parlement qu'ils devaient tenir a Oxfort, pour le
prier de ne se point meler des affaires d'Angleterre, l'a
|