s entre eux de grands sujets, ou des
pretextes plausibles de guerre, s'ils avaient voulu s'en servir. Il est
certain que tous les peuples d'en de-ca les Pyrenees avaient ete du
domaine de la couronne; et que le comte de Barcelone, le comte de
Roussillon, et plusieurs autres villes et terres au-dela de ces
montagnes en etaient des fiefs mouvans; que, dans ces pays, on datait
les actes publics des annees du regne des rois de France,
jusqu'au concile de Tarragone, qui changea cet usage du temps de
Philippe-Auguste; mais d'autres affaires empecherent ce prince d'en
tirer raison.
Les rois d'Aragon descendaient des comtes de Barcelone, et etaient
entres dans tous leurs droits et dans toutes leurs obligations, et par
consequent, dans celle de rendre a la couronne de France les hommages
que ces comtes lui devaient, et Louis aurait eu droit de les exiger du
roi d'Aragon.
D'autre part, les rois d'Aragon avaient des pretentions sur le comte
de Toulouse, sur l'Albigeois, sur le Rouergue, sur Carcassonne, sur
Narbonne, sur Nimes et sur quantite de domaines voisins de ces villes,
ou enclaves dans ces territoires. L'on voit effectivement dans
l'histoire des guerres des Albigeois, que la plupart de ces domaines
etaient regardes comme des arriere-fiefs de la couronne de France, et
que Pierre d'Aragon, pere de Jacques, s'en faisait rendre les hommages,
comme fiefs immediatement mouvans de la couronne. Tout cela etait fonde
sur la possession, ou sur des alliances par des mariages. Ces droits
respectifs etaient autant de semences de guerre entre les deux rois et
leurs successeurs. Ces deux princes s'aimaient et s'estimaient beaucoup.
Tous deux, quoique guerriers, cherchaient tous les moyens d'entretenir
la paix entre les deux etats. Des l'an 1255, ils avaient signe, au mois
de mai, un compromis sur cette grande affaire, qui devait etre terminee
par leurs deputes.
Celui du cote du roi etait Hebert, doyen de Bayeux; et celui du roi
d'Aragon, etait Guillaume de Montgrin, tresorier de la cathedrale de
Gironne. On devait s'en rapporter a ce qu'ils decideraient; il y avait
un dedit de trente mille marcs d'argent, et l'affaire devait etre
terminee dans l'espace d'un an. Toutefois elle ne put etre reglee alors,
et ne le fut qu'en l'annee 1258, par le traite de Corbeil. Elle le fut
de la maniere qu'on le voit dans l'acte publie a Barcelone par le roi
d'Aragon, au mois de juillet.
On expose d'abord dans cet acte les pretentions du roi de Fr
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