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de leurs armures.
Plus avant, en tirant toujours vers la gauche, etait le comte de
Poitiers qui n'avait que de l'infanterie, lui seul etant a cheval. Enfin
le seigneur Jocerant de Brancion, oncle du sire de Joinville, fermait
la ligne de ce cote-la. Lui et Henri, son fils, etaient seuls a cheval,
tous les chevaliers qui avaient perdu leurs chevaux etant a pied. Le duc
de Bourgogne etait encore dans l'ancien camp, tant pour le defendre,
en cas qu'on l'attaquat, que pour faire un corps de reserve, et pour
envoyer, par le pont de communication, du secours ou il en serait
besoin.
Il s'en fallait bien que ces troupes fussent aussi nombreuses et aussi
lestes que lorsqu'elles passerent la riviere: la perte d'hommes et de
chevaux qu'on avait faite a Massoure, et dans la derniere bataille, les
avait extremement diminuees. Plusieurs etaient hors de combat; et meme,
parmi ceux qui devaient combattre, il y en avait quantite de blesses,
a qui le seul courage, et la necessite de vaincre ou de perir,
donnait assez de forces pour se tenir a cheval ou a pied. Telle etait
l'ordonnance de cette armee.
Celle des ennemis parut en bataille des la pointe du jour. Bondocdar,
qui fut etonne de se voir prevenu par des gens qu'il esperait lui-meme
surprendre, etait a la tete de quatre mille hommes de cavalerie
tres-bien montes et tres-bien armes. Il en fit une ligne parallele au
front de l'armee chretienne, laissant, entre les escadrons d'assez
grands espaces pour y faire passer des fantassins, selon qu'il le
jugerait a propos durant la bataille. Il fit une seconde ligne d'une
multitude infinie d'infanterie, a laquelle il donna plus de longueur, et
qui, en se courbant sur la droite, pourrait investir tout le camp du roi
jusqu'au bras occidental du Nil. Outre cela, il avait derriere ces deux
lignes une autre armee, dont il faisait son corps de reserve, qui etait
encore aussi forte que celle des chretiens.
Les troupes etant rangees dans cet ordre, Bondocdar, monte sur un
petit cheval, s'approcha de l'armee chretienne pour en voir mieux la
disposition; et, selon qu'il reconnut que les escadrons ou bataillons
etaient plus ou moins forts, il renforca a proportion ceux de son armee
qui leur etaient opposes. Il fit ensuite passer le bras occidental de la
riviere a trois mille Bedouins, pour tenir en echec le duc de Bourgogne,
et l'empecher d'envoyer du renfort au roi pendant la bataille.
Sur le midi, il fit sonner la charge par les tambou
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