rriere,
autour de son camp, contre les insultes de la cavalerie ennemie; mais
Bondocdar, chef des Mamelucks, auquel le commandement de l'armee avait
ete defere pour les belles actions qu'il avait faites le jour precedent,
ne demeurait pas oisif. Pour animer ses gens, il fit courir le bruit que
le comte d'Artois, dont on avait demele le corps parmi ceux qui avaient
ete tues a Massoure, etait le roi meme. La cotte d'armes de ce prince,
toute doree et fleurdelisee, qu'il fit elever dans le camp pour etre
vue de tout le monde, lui servit a ce stratageme, et toute l'armee
fut persuadee que c'etait celle du roi. Bondocdar assembla tous ses
officiers, leur exagera la perte que les chretiens avaient faite dans
la derniere bataille, leur dit que, n'ayant plus de chef, c'etaient des
gens perdus, qu'on n'aurait plus que la peine de les prendre, et fit
resoudre, pour le vendredi suivant, l'attaque du camp.
Le roi fut averti de cette resolution par les espions qu'il avait dans
l'armee ennemie. Il ne negligea aucune des precautions que la prudence
peut suggerer; et, des le milieu de la nuit, toutes ses troupes se
trouverent sous les armes, entre les tentes et la barriere. Elles
etaient partagees en differens corps, la plupart d'infanterie: presque
tous les chevaux ayant ete tues dans le dernier combat, il n'en restait
guere que pour les chefs.
Le comte d'Anjou avait la droite au bord du Nil; a cote de lui etaient
Guy et Baudouin d'Ybelin, deux freres, avec les troupes de la Palestine
et de la Syrie, et Gaucher de Chatillon avec les siennes. Ces deux corps
etaient les plus complets, les mieux montes et les mieux armes, parce
que celui de Gaucher de Chatillon avait moins souffert a la bataille,
et que les troupes de la Palestine etaient demeurees, durant le combat,
dans l'ancien camp, au-dela du Nil. A cote de Chatillon etait Guillaume
de Sonnac, grand-maitre des Templiers, avec le peu qui lui etait reste
de chevaliers de la defaite de Massoure; et, comme ce corps etait
tres-faible, il avait devant lui les machines qu'on avait prises sur les
Sarrasins, pour s'en servir dans le combat.
A la gauche des Templiers, etait Guy de Mauvoisin, seigneur de Rosny,
avec le comte de Flandre, jusqu'au bras occidental du Nil. Cette brigade
etait au dedans de la barriere du camp, et couvrait celle de Joinville,
parce que la plupart de ceux qui la composaient ne pouvaient, a cause
des blessures qu'ils avaient recues a la derniere bataille, se char
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