ambre ou etaient les joueurs, _et, quand il fut sur eux, print les
dez_ "et les tables, les jeta en la mer, et se courrouca tres-fort a
son frere, de ce qu'il ne lui souvenoit plus de la mort d'un prince qui
devoit lui etre si cher, ni des perils desquels Notre-Seigneur les avoit
delivres. Mais le sire de Nemours en fut mieux paye, car le bon saint
roi jeta tous ses deniers apres les dez et les tables, en mer."
[Note 1: Joinville, pag. 79 et 80.]
_Le roi arrive en Palestine_.
La navigation fut des plus heureuses; les vaisseaux, au bout de six
jours, entrerent dans le port de Saint-Jean-d'Acre. Toute la ville
vint au-devant du roi en procession, et chacun mit pied a terre, dans
l'esperance de trouver quelque repos apres tant de fatigues.
Telle fut la fin d'une expedition dont les preparatifs alarmerent tout
l'Orient, dont les premiers succes firent trembler tous les Musulmans,
dont les derniers malheurs remplirent toute l'Europe de deuil et de
tristesse. Louis se montra veritablement grand dans les triomphes, plus
grand encore dans les fers, tres-grand par la tendre reconnaissance
qu'il conserva toute sa vie pour les bontes d'un Dieu qui l'avait juge
digne de souffrir pour la gloire de son saint nom.
_Desolation de la France et de l'Europe, a la nouvelle de la prison du
roi_.
Tandis que ces choses se passaient en Orient, on se repaissait en France
de diverses nouvelles qui etaient de jour en jour plus avantageuses.
Celles de l'heureuse descente qu'on avait faite en Egypte, de la
prise de Damiette, dont on eut des avis certains, furent, comme c'est
l'ordinaire, le fond sur lequel on en fabriqua plusieurs autres qui en
tiraient toute leur vraisemblance, et que l'on croyait avec le plus
grand plaisir. Selon ces bruits, la prise de Damiette avait ete suivie
de celle du Grand-Caire, et de la defaite entiere de l'armee du soudan.
La nouvelle en avait ete confirmee par une lettre ecrite a un commandeur
de l'ordre des Hospitaliers; la reine Blanche et tout le royaume le
crut avec la meme facilite. Ce n'etait partout que rejouissances, et
principalement en France, d'autant plus que, selon la meme lettre, le
roi et les princes ses freres etaient en parfaite sante; mais lorsque
l'illusion eut fait place a la verite, la douleur fut universelle. Plus
la joie avait ete grande, plus on fut consterne par les assurances que
l'on recut quelque temps apres de la captivite du roi, de tous les
princes et seigneurs, des maladies c
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