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mariage de sa fille Isabelle avec le roi de Navarre.
Comme il s'agissait de la Champagne, qui etait un fief de la couronne,
cette affaire devait se decider en presence du roi par la cour des
pairs. Le roi fit donc examiner le proces du roi de Navarre avec la
comtesse de Bretagne en presence des parties. Il fut accommode par
l'achat que fit le roi de Navarre des droits de la comtesse de Bretagne,
en s'obligeant de lui payer trois mille livres de rente, qui, selon le
poids de la monnaie de ce temps-la, monteraient aujourd'hui a un peu
moins de trente mille livres de rente.
_Mariage du roi de Navarre avec Isabelle de France_.
Au moyen de cet arrangement, le mariage de Thibaut, roi de Navarre, avec
Isabelle de France, fut conclu. La dot de la princesse fut de dix mille
livres, comme celles des autres filles de saint Louis, qui furent
mariees depuis. Les noces se firent a Melun avec beaucoup de solennite.
Le roi n'epargnait rien dans ces circonstances d'eclat, ou les princes
doivent attirer les regards et l'admiration des peuples par quelque
grand spectacle. Il etait aussi reserve quand il s'agissait de son
plaisir, que liberal lorsque les raisons d'etat, ou les motifs de
religion l'exigeaient; sachant bien que c'est le retranchement des
choses superflues qui conserve et multiplie les fonds pour les depenses
necessaires.
_Le roi permet au roi d'Angleterre de venir a Paris, et lui fait une
fete magnifique_.
Avant que ces noces fussent celebrees, il y eut en France une fete
magnifique a l'occasion suivante: Henri III, roi d'Angleterre, etait
depuis assez long-temps en Gascogne. Il en avait enfin apaise les
troubles et les revoltes qui s'y etaient eleves par la durete du
gouvernement de ceux qu'il y avait envoye commander: de sorte que sa
presence n'y etant plus necessaire, il avait pris la resolution de
retourner dans son royaume. Le desir de voir la France, peut-etre
aussi la crainte d'un trajet par mer, beaucoup plus long en partant
de Bordeaux que celui de Calais a Douvres, lui fit demander au roi la
permission de passer par ses etats. Ce prince la lui accorda avec joie,
et lui fit savoir qu'il le verrait avec un tres-grand plaisir.
Louis envoya des ordres dans toutes les villes de son royaume, par
lesquelles Henri devait passer, pour lui faire rendre tous les honneurs
dus a son rang. Il vint par Fontevraud, ou il vit les tombeaux de
quelques-uns de ses ancetres qui y etaient inhumes, et y fit elever un
maus
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