thentiques, conserves dans differentes bibliotheques de son royaume.
Le pieux monarque, occupe de deux soins egalement importans, et de la
conduite de son royaume, et de l'ouvrage de son salut, ne negligeait
aucun des secours qui pouvaient le conduire a cette double fin. De
la cette scrupuleuse attention sur le choix de ses ministres. Il
n'accordait sa confiance qu'a la probite, et sa faveur qu'a la verite.
Sa coutume etait de choisir, parmi ses courtisans, quelque homme
d'honneur et d'esprit, qu'il priait affectueusement, et a qui il
ordonnait en maitre de l'avertir fidelement de tout ce qu'on disait de
lui et des fautes qu'il faisait. Quels que fussent ses avis, il les
recevait avec douceur et tachait d'en profiter.
Il avait un catalogue des ecclesiastiques auxquels il voulait faire du
bien: ce n'etait ni la qualite, ni les services des peres, qui faisaient
mettre sur la liste. La science et les bonnes moeurs sollicitaient
seules aupres de lui. Il consultait la-dessus son confesseur, le
chancelier de l'Eglise de Paris, et quelques religieux. On ne le vit
jamais donner a un beneficier un autre benefice, sans exiger de lui une
resignation pure et simple de celui qu'il possedait.
Les traits que je viens de rapporter n'etaient pas les seules affaires
qui occupaient le roi pendant la paix qu'il avait procuree a ses sujets:
il s'appliqua plus que jamais a regler le dedans de son royaume; il alla
en Artois, en Champagne, et laissa partout des marques de sa justice et
de sa liberalite. Plusieurs commissaires dans le meme temps parcouraient
en son nom ses provinces les plus eloignees, pour reparer les torts que
les particuliers avaient soufferts depuis son avenement a la couronne.
Ils avaient meme ordre de remonter jusqu'au regne de Philippe-Auguste.
On voyait par toute la France des bureaux etablis pour l'examen de ces
restitutions, et les senechaux ou baillis etaient charges d'executer
avec celerite ce qu'on y avait decide; mais, comme souvent on ne
trouvait ni les enfans, ni les heritiers de ceux qui avaient ete
injustement depouilles, les commissaires etaient embarrasses sur ce
qu'ils devaient faire. Louis, dans cette incertitude, se crut oblige
d'avoir recours au pape, pour obtenir la permission de distribuer aux
pauvres la valeur du bien mal acquis; ce qui lui fut accorde par un bref
du pape Alexandre IV, qui, rempli des eloges du saint monarque, fait
assez voir combien sa vertu etait universellement reconnue[1].
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