d'entre le clerge, si cependant on peut appeler
savans des hommes, dont toute la science consistait dans une scolastique
tres-imparfaite. Les Jacobins surtout etaient dans sa plus grande
familiarite; mais ce qui fait voir combien ils manquaient de jugement,
et combien peu ils etaient instruits de cette prudence sage et eclairee,
si necessaire a ceux qui veulent conduire les autres (car ils etaient
les seuls qui fussent appeles aux conseils des princes, et choisis pour
leurs confesseurs), c'est qu'ils avaient persuade au roi de quitter sa
couronne pour prendre l'etat monastique. Ils ne faisaient pas attention
qu'ils auraient prive le royaume d'un prince qui etait le plus sage de
tous les rois, et faisait le bonheur de ses peuples, et qu'ils auraient
livre l'etat a la discretion d'une reine sans experience, et d'un roi
qui n'avait pas encore douze ans.
Un jour qu'il s'entretenait avec eux du bonheur qu'avait eu Marie de
porter le fils de Dieu dans ses chastes flancs: "Sire, lui dit un de
ces religieux, plus hardi que les autres, ne voudriez-vous pas en tenir
autant que la sainte Vierge en a renferme dans son sein? Oui, sans
doute, repondit le monarque. Vous savez, seigneur, reprit le bon
religieux, ce qui est dit dans l'Evangile: Si quelqu'un quitte son pere
ou sa mere, ou sa femme, ou ses enfans ou ses biens, pour l'amour de
moi, il recevra le centuple et possedera la vie eternelle. Osez, sire,
osez aspirer a ce dernier periode de la perfection. Vous avez des
heritiers capables de bien gouverner votre royaume; votre bonheur
jusqu'ici est d'avoir beaucoup souffert pour Dieu; on vous a vu vingt
fois exposer votre vie pour la gloire de son nom; il ne vous reste plus
qu'a tout quitter pour prendre la croix, c'est-a-dire, notre habit.
Ainsi, de grade en grade, vous parviendrez au sacerdoce, et vous
meriterez de recevoir Jesus-Christ dans vos mains."
Le roi, frappe de ce discours, demeura quelque temps comme enseveli dans
une profonde reverie; il reflechissait sur les dangers du monde et la
grandeur des devoirs de la royaute, sur les douceurs inestimables qu'on
goute dans la retraite. "Si ce que j'entends est vrai, dit-il, comme je
le crois d'esprit et de coeur, je suivrai votre conseil; mais je ne
puis rien que du consentement de la reine: sa vertu et mes engagemens
vis-a-vis d'elle, ne me permettent pas de rien decider sans sa
participation."
Aussitot il retourne au palais, se rend a l'appartement de la reine, lui
ouv
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