sons et autres dont on peut voir les noms
et les gages, dans une ordonnance rapportee par Ducange; mais, quoique
fort grande, elle etait mieux reglee que celle d'un particulier. On
n'aurait ose s'y attribuer ces profits criminels qui blessent l'honneur
et souillent la conscience. Chacun, content de ce qui lui revenait
legitimement, ne s'occupait qu'a remplir fidelement ses devoirs: la
crainte de deplaire a un maitre, qui de temps en temps descendait dans
les plus petits details, les obligeait d'etre attentifs a leurs actions.
Non qu'on put l'accuser d'une sordide epargne: "Il faisait, dit
Joinville[1], une grande et large depense, telle en un mot qu'il
appartient a un si grand roi. Lorsqu'il tenoit les parlemens ou etats,
tous les seigneurs, chevaliers et autres, etoient servis a la cour plus
splendidement que jamais n'avoient fait ses predecesseurs; car il etoit
fort liberal." Mais, dans la necessite ou il se trouvait par etat
de representer, il ne s'en croyait pas moins oblige a une prudente
economie, pour ne point fouler ses sujets, qui veulent bien se gener
pour contribuer a la magnificence du prince, mais qui souffrent toujours
tres-impatiemment que le tribut de leur amour devienne la proie d'une
foule de domestiques avides.
[Note 1: Joinville, p. 224.]
_Mariage de Louis, fils aine du roi._
Ces divers soins ne l'occupaient pas tellement, qu'il ne reservat la
plus grande partie de son attention pour les interets legitimes de son
etat et de sa famille. C'est ce qui lui fit rechercher pour Louis, son
fils aine, Berengere, fille d'Alphonse X, et presomptive heritiere du
royaume de Castille. On sait les justes pretentions de Louis VIII sur
cette couronne, dont il avait epouse l'heritiere Blanche de Castille,
mere de saint Louis. Des circonstances particulieres avaient empeche
cette princesse de profiter de l'heureuse disposition des Castillans a
son egard. On pretend que le saint roi, son fils, ne prit le meme parti
que par deference pour la reine Blanche, sa mere.
Quoi qu'il en soit, cette nouvelle alliance, en reunissant tous ses
droits, faisait cesser tous les sujets de guerre. Louis envoya donc des
ambassadeurs pour en faire la proposition: elle fut acceptee avec la
plus sensible joie. Aussitot le prince Sanche, oncle de la princesse, le
grand chambellan de Castille, et plusieurs des principaux seigneurs
de l'etat partirent pour la France, munis de tous les pouvoirs pour
conclure une si belle union. On assur
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